Pink Flamingos par Nicolas Montagne
Pink Flamingos n'est pas le premier film de John Waters, celui-ci s'étant déjà illustré dans le court et le moyen-métrage, mais également dans un long (Multiple Maniacs-MM) où il donnait libre cours à son imagination pour laisser place à une critique forcenée de la société contemporaine. Il créait à l'occasion le personnage de Divine (campée par un acteur du nom de Glen Milstead jouant dans beaucoup de films de Waters), travesti présenté comme une authentique femme qui se livre à toutes les perversions avec un engoument plus que certain.
Avec Pink Flamingos, c'est la même chose, mais en couleur et en plus trash. On retrouve le personnage de Divine pour le meilleur et surtout le pire. Divine est la digne représentante hyperbolique d'une société déjà outrancière où tout le monde fait n'importe quoi. Elle est entourée d'une galerie de personnages qui rivalisent (dont certains au sens propre) d'abjection: du délire scato au crime en passant par l'inceste, toutes les déviances y passent avec un réalisme très appuyé, la plupart de ces "hauts faits" n'étant pas simulés.
L'aspect documentaire du film (dû au très faible budget bien sûr) et l'indigence du scénario déplaira forcément à certains, mais il est cependant très clair qu'un cinéphile ne peut pas ne pas voir cette "oeuvre", non seulement parce qu'elle est presque unique en son genre, mais aussi et surtout parce qu'elle est la meilleure représentante de toute la filmographie et de toute la parole d'un des cinéastes les plus critiques de la fin du XXème siècle.