J’aurai toujours un immense respect pour Robert Zemeckis. Il m’a donné, comme à énormément d’autres personnes, de grandioses moments de cinéma avec les Retour vers le futur et Roger Rabbit. Reste qu’à l’exception de Seul au monde, sa carrière post-Forrest Gump ne m’a jamais enthousiasmé un tant soit peu. En effet, j’ai davantage l’impression après cela d’un monsieur plus obsédé par ses effets spéciaux que de raconter une quelconque histoire (ce sont les effets spéciaux qui doivent servir l’histoire, pas l’inverse !). Et ce n’est pas ce Pinocchio qui va me faire changer d’opinion. Au contraire, cela ne fait que la renforcer. Cette version des aventures du pantin en bois est une merde.
Je ne m’attendais pas à grand-chose d’un live-action remake Disney, comme le studio adore en produire en très grande quantité. L’originalité est morte, mais comme le pognon entre abondamment dans les caisses, pourquoi se casser le cul. Vous avez aimé le dessin animé de 1940 ? Tant mieux, moi aussi. On ne dirait pas qu’il ait plus de quatre-vingt piges tellement il apparaît incroyablement moderne dans son animation. De surcroît, il est captivant par sa narration, intelligent dans son fond. Et les personnages y sont mémorables. Bref, je conseille plutôt de le revoir et de ne pas perdre 105 minutes de son existence à regarder la purge dont je vais tout de suite, sans plus attendre, vous parler.
Déjà, visuellement, c’est dégueu. Premièrement, je ne sais pas ce qu’ils ont foutu à la photo, mais il y a constamment une trop grande luminosité qui affadit l’image. Deuxièmement, les décors sonnent faux. Ils m’ont rappelé les sols en PVC ayant pour motifs des pavés de rue. Il n’y a rien qui paraît authentique. Je ne sais pas s’il y a eu des séquences tournées en extérieurs, mais quoi qu’il en soit, si c’était le cas, l’ensemble réussirait à les rendre autant en toc que le reste. Et il y a un sacré problème d’échelle de taille pour Pinocchio qui apparaît un coup trop petit, un coup d’une autre taille. Pareil pour Figaro qui est un coup un chaton, un autre, un chat de petite taille. C’est torché n’importe comment. Quant au pantin lui-même, on dirait un sticker en mousse avec un dessin sur support plastique collé dessus. Je n’ai pas ressenti le moindre réalisme dans son intégration à l’image. En conséquence, je n’ai pas eu l’impression de quelque chose fabriqué en bois.
Ensuite, Tom Hanks cabotine atrocement, comme c'est malheureusement devenu une habitude ces dernières années. Il est devenu pour moi un interprète insupportable. Ah oui, comme il faut satisfaire les crétins wokes (pléonasme !) qui doivent être la clientèle à conquérir vu comment le studio s’acharne à lécher leur esprit dérangé, ne voulant voir les êtres que par leur couleur de peau et pas pour leur personnalité, on veille à respecter la représentation des quotas (si l’intérêt financier de Disney avait été de faire de la lèche au KKK, il l’aurait fait !). Mais je vais revenir sur cet aspect plus loin.
L’intrigue met quarante minutes à démarrer. Quarante fichues minutes pour commencer, pour introduire les personnages. Euh, le film de 1940 le fait plus brièvement et plus efficacement. Et pourquoi ? Pour mettre en scène un Italien avec un accent à couper à la tronçonneuse qui veut acheter des horloges fabriquées par Geppetto. Ce dernier s’y refuse. Ce personnage secondaire et ce refus servent pour la suite de l’intrigue ? Ben non, pourquoi ? Cléo et Figaro, qui nous gratifient de quelques séquences amusantes, qui insufflent de l’énergie dans le foyer de Geppetto dans le film de 1940, ne sont nullement approfondis pendant ce trop grand laps de temps dans le remake. De toute façon, ils ne servent à que dalle pendant tout le long-métrage si ce n’est d’accessoires de décors. Ils sont désincarnés. Autrement, ça cause, ça cause, ça cause pour pas grand-chose, principalement pour que Tom Hanks puisse cabotiner insupportablement à loisir. Dans ces quarante minutes, Geppetto et sa création n'entrent en contact que très tardivement, ce qui ne permet pas un approfondissement efficace de leur relation. Ce qui gâche la suite et ne pas aider à rendre convaincant l’affection qui lie les deux (alors que le film de 1940 y parvient à la perfection !).
Autrement, pour respecter les quotas, dans un village italien au XIXe siècle, il y a une institutrice noire, ayant l’air sympathique, le temps d’une très courte scène (ah oui, à part Geppetto, tous les personnages blancs ici sont négatifs !) qui ne réapparaît pas du tout après. Il y a une marionnettiste noire qui a une romance indirecte, par l’intermédiaire de sa marionnette féminine, avec le pantin de bois. Est-ce que ce personnage fait avancer le récit à un tel moment ? Est-ce qu'il apporte des rebondissements qui bouleversent ce même récit ? Non, aucunement. Il n’aurait pas été là, ça n’aurait absolument rien changé dans la conduite de l’ensemble.
Passe encore que la Fée bleue soit aussi noire. C’est une créature merveilleuse, donc les considérations sociologiques, géographiques et ethnologiques n’entrent pas en ligne de compte pour ce cas spécifique. Mais la vache, par les effets spéciaux la faisant apparaître glauque, par sa coupe de cheveux ou plutôt son absence de coupe de cheveux, on dirait Voldemort. Elle est effrayante alors qu’elle est censée apporter une présence rassurante et chaleureuse. En outre, elle ne fait acte de présence qu’une seule fois, lorsqu’elle donne la vie à Pinocchio et c’est tout.
Les trois actrices susmentionnées ne sont juste-là en fait que pour que Disney puisse cocher des cases. Et c’est triste. Leur donner des rôles essentiels, consistants, marquants ? Non, quotas. Leur laisser le temps et la chance d’exposer leur talent, de poser leur empreinte sur le long-métrage par leurs capacités de jeu ? Non, quotas.
La séquence dans la fête foraine traîne en longueur, juste pour que Zemeckis puisse faire mumuse avec la technique (là, encore un exemple des effets spéciaux qui écrasent le récit !). Et contrairement au film de 1940, dans lequel lors de cette scène, il n’y a que des garçons, là, dans le remake live-action, il y a aussi des filles. Vive l’égalité des sexes, les filles sont aussi connes que les garçons, à croire qu’elles ont le même taux de testostérone pour les faire se comporter d’une façon aussi bête et immature.
Et puis mettre des tentacules à la baleine ? Euh, d’accord, ce n'est pas une baleine, c'est un monstre marin. OK, mais est-ce que ces tentacules vont servir à quelque chose lors d'un éventuel affrontement entre le cétacé pieuvre et Pinocchio aidé de Geppetto ? Non, pourquoi ?
Et Pinocchio qui fait du ski nautique ou qui se transforme en bateau à moteur, c’est n’importe quoi, de la facilité scénaristique débile. Tout est n’importe quoi dans cette merde.
Ah oui, Pinocchio ! Dans le film de 1940 (oui, je sais que j’ai répété, je ne sais combien de fois, “le film de 1940” !), le pantin de bois a un côté garnement faisant que c'est lui qui provoque régulièrement les emmerdes le touchant. Ce qui le rend complexe, intéressant, aussi attachant qu’énervant par son côté “humain” inconséquent. Là, il ne fait que subir, n’est jamais responsable de ce qui lui arrive. Ce sont les autres qui forcent son destin. Ce qui rend le personnage complètement lisse et inintéressant. Par ailleurs, Jiminy Cricket sert à que dalle puisqu'il devait normalement guider la conscience de Pinocchio, le faire évoluer, mais comme l'autre n'a pas de traits négatifs, il n'y a pas de changements à opérer.
Côté musique, à part les trois chansons reprises du film de 1940, dont le très fameux When You Wish Upon a Star, c’est de l’oubliable.
Pour conclure, c’est un ratage à tous les niveaux. Il n’y a rien qui fonctionne. Les quelques changements opérés dans les rebondissements par rapport au film de 1940 sont superficiels en n’apportant rien (je n’aurais rien eu contre autrement, pour éviter le copié-collé !). Le message de fond avec l'évolution du pantin, le symbolisme autour du fait que l'on apprend de ses conneries, que l'on devient meilleur, que l'on grandit en devenant meilleur, passe à la trappe. Le wokisme ne fait que bien mettre en lumière que Disney n’en a rien à foutre de la lutte contre les discriminations, feignant de s’en soucier uniquement pour les dollars. Tom Hanks, insupportable… Non, si vous voulez vous faire plaisir et faire plaisir à vos enfants (si vous en avez !), voyez ou revoyez le film de 1940. Ça, c’est du grand cinéma.
Par respect pour le Zemeckis des années 1980, n’ayant certainement pas été aidé sur ce film par des exécutifs puissants et intimidants qui ont dû prendre pas mal de décisions à sa place (car il devait être en position de faiblesse vu sa quantité de bides au box-office !), je vais d’être amnésique quant au fait qu’il ait pu donner une telle merde.