Pinocchio par Amine S

Guillermo del Toro est un réalisateur exigeant et méticuleux. Même dans ses pensées les plus aseptisées, on retrouve un attachement affectueux pour ses rêves cauchemardesques. En popularisant le conte horrifique, le metteur en scène mexicain a su imposer une patte dans laquelle la fiction s’entremêle avec la réalité dans la beauté et la grâce.

Son désir d’adapter Pinocchio remonte à plus d’une décennie. Après moult vents et marées, le projet voit enfin le jour en cette fin d’année prometteuse de meilleurs lendemains. Un dévoilement quelque peu dérobé par l’apparition hâtive de l’adaptation live action du pantin en bois chez Disney sorti trois mois plus tôt face à un public et une critique intransigeants. Un désir de battre la concurrence en mode lièvre très embarrassant, surtout pour le pauvre Robert Zemeckis dont les succès cinématographiques remontent à loin…

Reprenant un peu le cadre de son Labyrinthe de Pan, del Toro fait voyager les souliers du fascisme de l’Espagne franquiste vers l’Italie d’Il Duce. C’est dans ce milieu suffoquant la peur, la tristesse et la paranoïa que naîtra Pinocchio dont la naïveté et l’insolence contrastent avec l’ordre et la discipline de l’extrême-droite. Le film bénéficie de l’animation pas-à-pas qui a donné ses lettres de noblesse à des chefs-d’œuvre tels que Nightmare Before Christmas, Coraline et Kubo and the Two Strings. Une merveilleuse direction artistique, gracieuseté de la maison de production Jim Henson (The Muppets) et du coréalisateur Mark Gustafson.

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