Le Police de Pialat attaque avec des airs monolithiques ; tout est solide et imposant, que ce soit Depardieu, les murs ou les portes. On croirait que tout prend plein de place, comme si le film voulait être le témoin non dégrossi de ce qui se trame dans les commissariats français. Armé d'une spontanéité monstrueuse qui s'immisce jusque dans les scènes les plus longues et complexes, ce menhir porté par Depardieu semble jeter un regard hautain vers le passé et les euphémiques films policiers produits jusque là. Parfois, il est vrai, Police est trop brut pour être vrai ; les lapsus et les interruptions donnent un caractère pas forcément souhaité à l'ouvrage, comme si le réalisateur avait tenu à tourner chaque scène en une seule prise, raisonnement dont l'évidence nous prouve pourtant la fausseté.
Les menhirs s'érodent comme toutes les pierres, mais hélas celui-ci est usé à la livraison. Il dure cent-treize minutes, au bas mot vingt-trois de trop. Le regard jeté sur le passé devient vague, les concessions à ce qu'il paraissait mépriser se multiplient ; Police devient le vilain petit canard des thrillers à la française, celui qui arrive après tout le monde pour reprendre les canons et les revoir à sa sauce, comme si le film s'était dit « hé, je suis bon, je vais en faire plus ». La partie finale, d'où ont disparu les signes qui étaient distinctifs jusque là, tisse des romances réchauffées et des revirements de situation par trop familiers. Un coup de baguette dramatique, et boum, une fin qui vient faire l'ablation d'une prolongation superfétatoire. L'idée n'était ni bonne ni mauvaise, seul le traitement valait le coup.
Quantième Art