Tout est dans le titre de ce film éminemment esthétique. Profondément artificiel à mon grand désarroi. La réalisatrice se livre à une expérience, utilisant codes et décors du passé, elle extrait d'un monde réel des archétypes féminins. Une femme libre, l’œil qui regarde, peintre double trop voyant de la cinéaste c'en est gênant. Une femme enfermée qui va libérer sous nos yeux un peu de ce feu qui la brûle. L'art comme refuge. Une Sorcière qui délivre une Servante. Seule la mère échappe à la caractérisation...
Il se retrouve que j'ai eu la chance de voir sur grand écran La Passion Béatrice de Bertrand Tavernier, il y a peu. La comparaison que j'ai pu opérer avec ce film m'a fait cerner ce qui m'a manqué pour être emporté par ce film. Dans La Passion, les femmes sont dépeintes non déconnectées des hommes, elles font avec, ce qui change tout. Qu'il l'ait voulu ou non, le film de Tavernier était profondément féministe et combattant. Empli de fureurs et de désirs incontrôlés.
Ici les femmes sont dans la ouate du bel écrin de l'île. Objets d'une expérience à mi-chemin entre art et philosophie: peut-on connaitre quelqu'un en le regardant?
On nous vend une histoire d'amour là où je ne vois qu'une belle amitié, et une expérience amoureuse tentée par deux femmes esseulées. Dans leur situation, nous nous serions tous lancés pareillement, le partenaire ayant moins d'importance que l'expérience.
Les fulgurances visuelles mettent le feu( singe d'impuissance? ) à un portrait trop souvent clinique, froid.
Le personnage de la servante apporte un triangle superflu, là le personnage de la mère remplit son rôle dramatique. Tout est hélas trop sous-tendu par une thèse, celle de la sororité. Celle-ci mériterait débat pour être nourrie. Au lieu d'être assénée en posture figée. Une magnifique nature morte d'un souvenir chéri, d'un être perdu, still life comme disent les anglo-saxons à propos de ce genre de tableau. Un Jean Racine aurait sublimé cette histoire. Ici les intentions dépassent le talent. Mais ravivent la flamme.