Portrait de la jeune fille en feu est un oeuvre difficile à critiquer, tant elle marche sur la corde raide entre le génie et le Jour et la Nuit de BHL.
Arborant une mise en scène exemplaire, originale et efficace, appuyée par une photographie élégante et colorée, le film existe comme touché par la grâce, et ce, dès les premiers instants. En outre, la première demi-heure du film semble aborder son propos de manière mesurée et délicate, laissant augurer le chef d'oeuvre. MAIS.
Portrait de la jeune fille en feu, s'il propose un casting exceptionnel de talent (j'écris cela en pensant spécifiquement à Adèle Haenel, stupéfiante de présence), propose également, et malheureusement, des dialogues terriblement maladroits. En effet, bien que bien écrits du point de vue du style, ces derniers sonnent terriblement creux, obligeant les actrices à les réciter sur un ton monocorde, encore plus accentué par cette tendance insupportable du mélodrame français à faire parler ses protagonistes dans un ton déprimé et passif agressif, à mi chemin entre le chuchotement et la complainte. Personne ne parle comme ça bon sang.
Ce qui aurait pu être un drame humain profond et authentique se retrouve dénué par là même de toute humanité. Les personnages semblent être des robots, et la trame en pâtit sérieusement. Restent sur ce plan des instants de grâce résiduels dans moments silencieux et les scènes improvisées (celle du jeu de société, qui dure 30 secondes et figure parmi les meilleures du film, car vraie).
Le spectateur hésitant se verra confronté à une oeuvre s'éparpillant, préférant, plutôt que se focaliser sur la profondeur et les enjeux de ses personnages, papillonner dans une vallée de thématiques, traitées de la manière la plus balourde possible (je pense en particulier à celle de l'avortement). Le film se donne alors des airs de premier de la classe, mais échoue là où précisément il devrait exceller : peindre la jeune fille en feu.
Il est cependant, comme je l'ai dit plus haut, sauvé par des instants de grâce, et des actrices exceptionnelles. Ce qui le rend d'autant plus frustrant : tant de talent gâché par tant de prétention.
Bref... Mi-figue mi-raisin quoi.