Il aura fallu que je m'étire un grand coup la mâchoire une fois ce film terminé car il faut bien l'avouer j'aurais été bouche bée la majeur partie du métrage. Ce film d'une atmosphère extrêmement lourde aurait pu être un thriller banal au vue de son scénar' très simpliste mais le réalisateur d'Incendies nous fait découvrir un thriller borderline à la croisée de Fredkin et Fincher et en profite pour offrir à Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal des rôles d'une rares intensité.
Car ici, le point de vue adopté est double. Celui d'un père de famille, à qui on a enlever sa fille, qui décide de faire justice lui même, quitte à torturer à mort un suspect, et celui d'un inspecteur, flic taciturne et opiniâtre parti en croisade contre les pédophiles pour en avoir été victime dans son enfance. Leurs enquêtes parallèles les mènera vers un coupable dont la haine de l'être humain donne le vertige, d'où l'importance du double point de vue. Car si l'un se tient à distance du coupable pour mieux en capter son odeur et le prendre par surprise, l'autre respire son haleine fétide jusqu'à l'asphyxie.
Agité de soubresauts de violence aussi bien physiques que psychologiques, ponctué d'images perturbantes ( un chien qu'on étrangle avec sa laisse, des têtes de poupées écrasés, un cadavre pourrissant dans une cave ) et de poussées d'adrénaline intenses via cette course folle d'une voiture lancée à plein régime sous des trombes d'eau au volant de laquelle le conducteur blessé à la tête est aveuglé par son propre sang, Prisoners n'esquive certes pas toujours ses influences ( on pense notamment à Seven et surtout à Zodiac. ), il n'en demeure pas moins que Villeneuve signe là l'un des thriller les plus saisissants et angoissant qui m'ait été donné de voir.