Prisoners par Francis Janvier
Un constat s'impose à la fin du film : ce qui semblait être au premier coup d'oeil un film sur la torture physique et psychologique d'un présumé kidnappeur (du moins c'est ce que laissaient entendre tous les résumés que j'ai pu lire ; et c'est ce que le film est pendant la première demi-heure) n'est en fait qu'un simple récit policier plein de rebondissements (qui sentent parfois le plot twist forcé) et de mystères complètement space (le coup des labyrinthes... t'es sérieux Denis ?). Cependant, le film sort clairement du lot grâce à ses personnages infiniment humains (à quelques exceptions près) et à ses acteurs au sommet de leur forme. Hugh Jackman est terriblement crédible dans le rôle de ce père prêt à tout pour retrouver son enfant, Gyllenhaal est parfait en tant que flic obsédé par l'affaire, et leurs interactions sont magistrales. Prisoners regorge aussi de tout un tas d'idées brillantes qui auraient méritées d'être creusées, notamment le questionnement sur la moralité du geste posé par Jackman, ou encore la détresse psychologique de la mère, etc. Le film part malheureusement dans tous les sens, ce qui justifie bien sa longueur, mais ce faisant, il ne mène pratiquement aucune de ses idées jusqu'au bout, comme si Denis Villeneuve ne savait jamais tout-à-fait sur quel pied danser : "est-ce que je fais un récit policier ou bien un drame familial ou bien un thriller psychologique ?" Dans le même genre, il y a Trust avec Clive Owen que je trouve beaucoup moins casse-gueule dans sa démarche.