Le scénario, ou plutôt le postulat, ayant été maintes et maintes fois utilisé, on ne peut pas dire que le film de Denis Villeneuve croule dans un premier temps sous l'originalité. En toute franchise, je n'y suis allé que parce que l'ensemble a une bonne réputation publique et pour la belle photo de Roger Deakins, aussi chaleureuse qu'un goulag sibérien.
J'avais peur aussi que la durée de deux heures et demie soit trop longue, ne voyant pas comment Villeneuve pourrait tenir aussi longtemps sur un tel sujet, mais ces craintes étaient infondées.
En effet, une fois ses marques posées, ce thriller, bien poisseux de chez bien poisseux, parvient à être intense de bout en bout, ne manque jamais de rythme et réussit finalement à sortir des sentiers battus en se montrant souvent surprenant dans ses rebondissements (ce qui veut dire renouvellement de l'intérêt du spectateur est constamment maintenu sur le bouton "on" !), y compris dans sa résolution finale.
Côté distribution, le réalisateur québécois peut y aller tranquille. Jake Gyllenhaal est pas mal en flic avisé, apportant un peu de mesure dans un monde qui ne donne pas envie d'en avoir. Mais celui qui se taille incontestablement la part du lion, c'est Hugh Jackman. Il se mochise complètement et fait oublier son statut de star sexy (si, si, je vous le jure, c'est tout à fait possible, mesdames !) en se fondant dans la peau d'un père dont l'enfant a été kidnappé. Fracassant souvent les frontières de la morale pour parvenir à ses fins, on ne sait pas s'il se laisse guider entièrement par la douleur et/ou par l'instinct. Ce qui rend son personnage ambigu et c'est tant mieux. Rien de tel que la complexité. Rien de tel pour une belle performance.
Si le tout ne donne pas du tout envie de décoller un seul instant de son canapé, de jeter un coup d’œil sur son téléphone tout en s’abîmant les ongles de rage et d'angoisse, je ne peux qu'en conclure que Prisoners mérite totalement d'être vu.