Il ne manque qu’un « de » à Sordi pour faire le parfait arnaqueur, le bipolaire professionnel. Mais ce serait au personnage entier de l’être, pas au film. Démarrant fort bien dans la comédie, pressant la diaspora italienne en Allemagne pour en retirer humour et faux bilinguisme hilarant, le film devient d’un coup très sombre, mafieux, une sorte de Quaie des brumes hambourgeois qui s’embourgeoise.
Le personnage de Renato Salvatori découvre lui aussi que le monde de l’arnaque est une collaboration soupe-au-lait, où la confiance se prête et ne se donne pas. Mais on en perd l’intérêt qu’ont les protagonistes à se marcher sur les pieds ; le délit et la moralité veulent être minimisés mais se trouvent juste aplanis. Les colères de Sordi et ses mimiques convaincantes n’y changeront rien : romance inachevée, thriller laissant de marbre et quête de maturité superflue, l’œuvre est dénuée de tous les crochets qui pourraient nous intéresser à sa forme.
Quantième Art