Pulsions
7.4
Pulsions

Film de Brian De Palma (1980)

Quand l'élève égale le maître ...

Brian De Palma n'aura peut être jamais fait de film aussi grand, aussi éclatant voire aussi noble que "Dressed to kill" : ce n'est sans doute pas l'œuvre ultime comme "Blow out", ni la synthèse hitchcockienne parfaite comme "Body Double", ou encore moins le grand délire jouissif qu'est "Phantom of the Paradise". C'est une toute autre chose : il s'agit de l'essence même du remake parfait, celui qui sait à la fois innover et reprendre avec intelligence et maestria chaque élément du film original pour le transcender et lui faire atteindre l'immortalité. La moiteur et la sexualité implicite de "Psychose" devient ici la base explicite du film : de la victime frustrée à l'héroïne prostituée en passant par le psychopathe soumis à ses pulsions antagonistes, De Palma retravaille le chef d'œuvre d'Hitchcock en un tourbillon ouvertement pervers et sanglant où chaque scène transformée, en plus de son intérêt de remodelage d'un mythe, trouve sa propre identité cinématographique. Ainsi, la séquence de l'ascenseur, image démesurée de la légendaire scène de la douche, devient à son tour une pure leçon de mise en scène, un instant d'une intensité unique, un moment capable à lui seul de faire atteindre le nirvana cinéphile à n'importe quel spectateur. Chaque correspondance entre les deux œuvres semblent faire fi de toute notion d'obstacle temporel : le cinéaste montre avec brio que les chefs d'œuvres du passé sont toujours matrices des générations à venir, et que se tourner vers eux n'est en rien un mouvement vers l'arrière. C'est là le principe même de l'influence artistique. A la fois la plus belle référence et le plus bel hommage à l'œuvre hitchcockienne que De Palma ait jamais fait, "Dressed to kill" est un film important ; capital même. Le thriller de type hitchcockien porté à son plus haut niveau pour une réflexion essentielle sur le passage à la postérité.
Trelkovsky-
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Brian De Palma, Top 52, Les plus belles claques esthétiques et Les meilleurs films d'horreur

Créée

le 11 janv. 2012

Critique lue 477 fois

2 j'aime

Trelkovsky-

Écrit par

Critique lue 477 fois

2

D'autres avis sur Pulsions

Pulsions
Gand-Alf
9

Confessions (très) intimes.

S'inspirant à la fois de certains éléments de sa jeunesse (l'infidélité soupçonnée de son père) et des assassinats ayant frappés la communauté gay dans les années 70 (ce qui donnera plus tard le film...

le 16 nov. 2015

44 j'aime

Pulsions
Ugly
7

Fatal attraction

Un psychiatre, une jolie patiente qui souffre de fantasmes érotiques, une call-girl témoin d'un meurtre horrible, une tueuse blonde... voila en gros les ingrédients d'un thriller diabolique signé par...

Par

le 8 mars 2018

41 j'aime

2

Pulsions
-IgoR-
7

Super 8

Au commencement était une fin. L'inéluctable fin d'un couple ordinaire, déclin intimement pressenti dès la scène introductive. Alors que pesante musique et caméra louvoyante s'emploient à annihiler...

le 28 mai 2014

41 j'aime

17

Du même critique

Pornography
Trelkovsky-
10

Idées noires

Entre 1980 et 1982, le parcours des Cure s'est avéré être d'une cohérence totale : après avoir mis en place une pop introspective extrêmement fine avec Seventeen Seconds, le son curien semble...

le 30 déc. 2013

37 j'aime

4

Django Unchained
Trelkovsky-
5

À tout vouloir justifier ... (spoilers)

Depuis quelques films déjà, Tarantino a comme un besoin de légitimer la violence qu'il filme. Bien sûr, dans les grandiloquents « Kill Bill », l'histoire de vengeance n'était qu'un simple...

le 26 mai 2013

33 j'aime

7

Le Tableau
Trelkovsky-
3

Pour être comme tout le monde ...

Dès le début, le film affiche clairement son postulat : les pauvres gentils et les méchants riches. Dès le début, le réalisateur/moralisateur lance un propos très édifiant à son jeune spectateur :...

le 16 janv. 2012

28 j'aime

4