J'avais beaucoup aimé « Collision » et « Dans la vallée d'Elah », voyant surtout le désastreux « Les Trois Prochains Jours » comme un accident de parcours : sans doute était-ce plus que cela... Comment réussir autant ses deux premiers films et rater autant les deux suivants ? Pourtant, ce projet, j'y croyais. Il y avait clairement la volonté de revenir à cette idée d' « œuvre chorale », avec destins mêlés et, surtout, un romantisme exacerbé plus présent. Seulement, très vite on sent que ça ne va pas fonctionner. Non seulement les trois histoires ne sont pas très intéressantes, mais en plus elles sont souvent racontées dans une logique « soap » et cliché, où les personnages deviennent vite irritants soit à force de tourner en boucle, soit à force d'avoir des réactions invraisemblables les amenant dans des situations qui le sont tout autant.
Franchement, il y a de quoi être surpris par autant de mièvrerie dans des capitales de carte postale, le pire récit restant quand même celui avec Adrien Brody, presque risible tant il est impossible de croire à
cette passion soudaine d'un pur salaud pour une belle italienne, dont même le plus gros des pigeons n'avalerait pas les histoires.
Les deux autres, également très mélodramatiques, sont un peu moins pires, j'ai même pu me retrouver de temps à autre à travers le personnage de Mila Kunis et comprendre les atermoiements du duo Liam Neeson - Olivia Wilde : pour le coup, on comprend aisément que cette dernière lui donne le vertige tant elle est sublime, d'une sensualité rare.
On attend alors que les récits se recoupent, que toutes ces « harlequineries » trouvent un peu de sens, de puissance émotionnelle (oui, je suis un grand optimiste, parfois) : sauf que... rien, ou presque. Les seuls éléments reliant les protagonistes sont cachés si grossièrement qu'on les avait devinés depuis longtemps, et le lien qui les unit tellement pauvres qu'il ne fait qu'ajouter à la superficialité du propos. Et que dire de cette conclusion (du moins, si je l'ai bien comprise) : en fait, tout ceci ou presque avait toujours été
dans la tête de notre romancier pour « combler » la disparition de l'être aimé :
putain, comme si le film n'était déjà pas assez vide avant cela...
La seule chose qui m'empêche d'être encore plus assassin, c'est la réalisation. Haggis sait créer des images, faire tourner sa caméra, filmer des décors, mettre en valeur ses comédiens, à défaut de leur avoir écrit des rôles à la hauteur. Dernier titre à ce jour de son auteur, celui-ci serait un bien triste adieu au septième art, au point qu'il vaut mieux se souvenir de ses « glorieux débuts » et de quelques scénarii, notamment ceux écrits pour le grand Clint Eastwood. R.I.P.