Comme quoi, il n'est jamais trop tard : c'est à 72 ans que Bertrand Tavernier signe sa première comédie. Adapté d'une des plus célèbres bandes-dessinées contemporaines, « Quai d'Orsay » a qui plus est un sujet en or, la politique restant un sujet passionnant s'il est bien traité. Alors oui : il y a un côté légèrement répétitif et lourdaud, on vire parfois à la caricature, quelques effets sont appuyés voire manqués et certains aspects ne sont pas assez exploités. Pour autant, on prend un réel plaisir à suivre cette pétaudière qu'est le Ministère des Affaires étrangères, menée à 200 à l'heure et faisant la part belle aux dialogues et à plusieurs situations drolatiques. Il y a d'ailleurs quelque chose d'assez piquant à voir tout ces personnages s'exciter souvent dans le vent, la coordination des mouvements étant parfois difficile à régler.
Le caractère de chacun apparaît, à ce titre, souvent crédible, l'œuvre évitant de virer aux stéréotypes en proposant une vision assez large des forces en présence dans ce lieu si particulier. Des gens compétents, sérieux, à défaut d'être vraiment brillants ou subtils : on apprécie l'honnêteté de la démarche, tout comme de nous montrer ces hommes et femmes de l'ombre, travaillant jour et nuit mais on dont ne parle jamais au journal télévisé, la dernière connerie dite par Nadine Morano restant évidemment toujours plus intéressante... Bonne interprétation générale, dont on retiendra principalement un Niels Arestrup aussi remarquable qu'inattendu, et surtout un Thierry Lhermitte « on fire », irrésistible dans son meilleur rôle depuis très longtemps. Bref, des faiblesses, mais une comédie néanmoins plaisante et souvent pertinente : plutôt réussi.