Avec "Quai d'Orsay", qui restera son ultime long-métrage de fiction, Bertrand Tavernier s'attèle à une comédie politique contemporaine - qui répond symboliquement à l'un de ses premiers films, "Que la fête commence", sorte de farce politique en costumes.
Malgré quelques gags visuels burlesques, le film conserve une tonalité réaliste et des dialogues sérieux la plupart du temps. Le monde politique et le fonctionnement très codifié des ministères sont dépeints non sans ironie, mais avec un véritable souci d'authenticité.
Tavernier et les auteurs de la BD (dont le film est adapté) ont effectué un travail documentaire considérable pour rendre compte avec humour mais précision de toutes ces situations.
Côté interprétation, Thierry Lhermitte trouve l'un de ses meilleurs rôles avec ce clone déjanté de Dominique de Villepin, dans une prestation subtile qui nécessite un surjeu bien maîtrisé.
L'ancien du Splendid est entouré d'une belle brochette de seconds rôles, à l'image de Niels Arestrup (formidable en conseiller narcoleptique), Raphaël Personnaz (dans le rôle du candide découvrant le monde des cabinets ministériels), ainsi que Julie Gayet, Didier Bezace ou encore Anaïs Demoustier (qui représente le regard extérieur sur ce microcosme).
Le défaut majeur de "Quai d'Orsay" est lié à son scénario minimaliste et à sa structure narrative, qui donne un peu l'impression de tourner en rond au bout d'un moment, de sorte que j'ai ressenti pas mal de longueurs.