"Quand les tambours s'arrêteront" est un western qui "mérite un détour".
Il est réalisé en 1951 par un argentin de passage à Hollywood Hugo Fregonese.
Le fond de l'histoire repose sur la révolte des Apaches Mescaleros entrainés par le chef Vittorio qui, traversant la frontière mexico-américaine, détruisent tout sur leur passage et en particulier la petite ville de Spanish Boot.
En deçà de la défense héroïque de la ville, le scénario décrit l'ambiance de la ville sous la férule du maire Joe et du pasteur Griffin qui veulent une ville vertueuse et expulsent les prostituées et un joueur professionnel Sam.
Ambiance vertueuse certes mais raciste : avec les prostituées est expulsé un noir dont on ne connait pas le rôle exact ; un soldat apache qui combat au côté des blancs est méprisé par la population et génère un puissant sentiment de méfiance largement entretenu par le pasteur lui-même. Le scénario met en scène une femme, Sally, écartelée entre l'amour de deux hommes que tout oppose : le maire, Joe, qui a un métier, un vrai puisqu'il est le forgeron et Sam, le joueur professionnel dont les moyens d'existence ne relèvent pas d'une existence vertueuse et ordonnée.
Au départ donc, un manichéisme certain entre tous ces personnages, les bons et les mauvais (aux yeux du Seigneur représenté par le pasteur, bien entendu).
Mais la donne va progressivement évoluer avec l'attaque des Apaches Mescaleros où les cartes vont être redistribuées. Sam, le joueur professionnel va se révéler un meneur d'hommes dans l'adversité. Le pasteur va découvrir que le soldat indien a une religion qui en vaut bien d'autres. Il va aussi découvrir Sam, le joueur, qu'il exècre comme une créature de Satan mais qui au fond a aussi du bon. Un officier blessé et présent pendant l'attaque, va aider à combattre en prodiguant force conseils tout en justifiant et en respectant la conduite des indiens et la motivation de leur révolte.
Bref, c'est l'union sacrée de tous ces gens qui apprennent peu à peu la tolérance et le respect de la différence.
Western hautement symbolique, donc.
Côté casting, les acteurs ne sont pas de grosses pointures. Le personnage de Sam est joué par Stephen MacNally (qu'on a déjà vu dans Winchester 73 avec James Stewart). Le rôle du pasteur est joué par un certain Arthur Shields, assez connu et spécialisé dans les rôles de pasteur (il a le physique de l'emploi...) qu'on retrouve chez Ford dans l'homme tranquille, la charge héroïque de Ford et bien d'autres films.
Reste à parler du déroulement proprement dit du western : l'action y est plutôt soutenue notamment dans la deuxième partie du film où toute la population est barricadée dans l'église et où les attaques sont rythmées en fonction des tambours des indiens : il s'en dégage une émotion certaine accentuée par l'évolution de la mentalité des gens dont je parle plus haut.
Le sentiment de peur est notamment bien mis en scène par une caméra qui fait des plans à 360° que ce soit dans la pampa ou dans l'église pour simuler le fait qu'on ne voit jamais d'où partira l'attaque et où se trouve la menace.
Film de série B de 75 minutes peut-être mais western hautement symbolique tout-à-fait passionnant à regarder.