Une des premières incursions dans le cinéma japonais pour ma part, et plus précisément dans l'univers de Kurosawa. Et ce fut un très bon film.
Je comprend très bien que la note puisse aller jusqu'à 10 mais je m'en remet à mon amateurisme actuel dans ce genre de cinéma...
Pour parler du film, j'ai évidemment été agréablement surpris par la narration, théâtrale et entrainante, qui renouvelle incessamment le film. On écoute donc quatre récits différents de la même affaire, celle de la rencontre pour le moins brutale entre un vagabond, un homme et sa femme, qui dégénère et qui se retrouve devant un tribunal pour savoir qui a tué le mari, et surtout, comment.
Kurosawa manie à merveille le jeu d'ombres et l'utilisation de la lumière pour magnifier son récit. Certaines scènes sont magnifiques, accentuées par la musique lancinante toujours présente, comme lors de la découverte du cadavre par le bucheron, avec le plan sur les mains de la victime (qui m'a d'ailleurs fait sursauter, c'est dire si ça fonctionne). Tous les passages se déroulant au tribunal sont eux aussi intéressants, notamment dans la manière de filmer, avec un juge invisible, qui ne parle pas (les témoins ou accusés font une sorte de one man show en inventant le juge), et les deux personnages initiaux (le bucheron et le bonze), qui ne se contentent que de rester en arrière plan en observant la situation.
Pour le reste de l'analyse, je renvoie aux critiques déjà écrites par des plus savants que moi, mais c'est vrai que niveau symbolique et fond, RASHOMON est un chef d'œuvre : chacun ment pour s'assurer moralement et la question de la tromperie (qu'elle soit physique avec la femme, ou mentale avec les mensonges incessants et répétés) est au cœur des relations entre les personnages. A noter aussi que les acteurs participent à cette impression de démence totale qui entoure la narration de Kurosawa, avec notamment un vagabond stressant dans ses mimiques.
Et aussi, la dernière scène conclut en beauté un film court, mais grand assurément.