Ca commence comme des dizaines d'autres films du genre : depuis "Double indemnity" de Billy Wilder" jusqu'aux néo-noirs tels que "U-turn" d'Oliver Stone ou "Blood Simple" des frères Coen, pour ne citer que les plus illustres.
Un mec solitaire et désargenté débarque dans un bled, où il rencontre un homme riche qui lui propose de buter sa femme (à moins que ce ne soit l'inverse).
Sur ce scénario rebattu, le réalisateur John Dahl parvient à greffer des péripéties (plus ou moins) originales et inattendues, ainsi que des personnages secondaires savoureux, à l'image de Dennis Hopper en tueur texan énervé, qui s'auto-caricature avec un plaisir communicatif.
La première moitié de "Red Rock West" s'avère particulièrement réjouissante, grâce notamment à l'atmosphère campagnarde pittoresque qui se dégage de ce patelin paumé du Wyoming.
La suite se révèle moins prenante, les nombreux rebondissements ayant pour effet contre-productif la sensation que tout peut arriver, et on se désintéresse quelque peu du sort des protagonistes.
Jusqu'à un dernier twist et un dénouement plutôt habile, qui permet de quitter la projection sur une bonne impression, d'autant que le générique défile sur l'excellent titre country "1000 Miles From Nowhere" - interprété par Dwight Yoakam, qui tient un petit rôle dans le film.
Avec ce deuxième long-métrage, sorti un an avant le pic de sa carrière ("Last Seduction"), John Dahl signe donc un néo-noir sympathique, bonifié par une distribution convaincante : un Nicolas Cage étonnamment sobre s'accorde bien avec l'agitation volubile de Dennis Hopper, tandis que J T Walsh n'a pas son pareil à l'époque pour jouer les salopards timorés.
Reste le cas Lara Flynn Boyle, qui vient de connaître le succès avec "Twin Peaks" : sous ses traits un peu figés, le rôle féminin manque d'épaisseur, mais sa beauté froide s'accorde finalement assez bien avec le personnage.