D'abord, cette bande-annonce belle et intrigante, puis le nom de Lisa Joy, cocréatrice de la superbe série « Westworld ». Et puis, cette réflexion de n'avoir vu quasiment aucune affiche, aucune promotion alors que le film sortait la semaine suivante, jamais bon signe. Les critiques sont alors tombées, souvent tièdes. Tant pis, les « vraies » œuvres de science-fiction sont trop peu nombreuses aujourd'hui au cinéma pour que je me permette de passer à côté. D'ailleurs, je ne regrette pas, aussi décevant soit-il. J'ai même été assez séduit par ce beau plan-séquence débutant le récit, dont le monologue assez fumeux trouve son sens lors du dénouement. L'occasion, en quelques minutes, de proposer un futur assez sombre, visuellement riche, immédiatement mis en place et nous expliquant ce qui sera l'élément central du récit.
Malheureusement, ce qui s'apparentait à une belle romance futuriste se transforme vite en thriller brumeux, où l'on perd très vite pied sans vraiment chercher à se raccrocher. Trop de sous-intrigues, d'éléments à relier, de personnages dont on ne sait même plus qui ils sont ou avec qui sont-ils liés, la réalisatrice semblant presque s'en désintéresser tant certains éléments importants sont expédiés, voire bâclés (le sauvetage de Freddie et « la maison sur l'eau » en général, pour ne citer qu'eux). Il y a des choses que l'on retrouve au début, puis à la fin, mais quasiment ignorées entre les deux, offrant une narration très bancale, dont on comprend tout juste les tenants et aboutissants.
Au milieu de tout ça, au moins peut-on se consoler avec la présence de Rebecca Ferguson, dont on comprend, pour le coup, aisément la fascination exercée sur Hugh Jackman : cette actrice est sublime. Thandiwe Newton, dans le seul second rôle vraiment réussi, livre également une prestation de qualité, Hugh Jackman semblant en revanche moins à l'aise dans un registre assez inhabituel pour lui.
Et comme écrit précédemment, Joy se montre beaucoup plus à l'aise pour filmer une « ville fantôme », presque aquatique (un peu plus d'explications que « problème climatique » n'auraient toutefois pas été de trop), les différents décors et la manière dont ils ont été pensés
(notamment à travers les moyens de transports)
s'avérant très réussis, où la forte influence « Blade Runner » se ressent. Enfin, si je dois « sauver » quelque chose du scénario, ce serait le dénouement : dans une logique, certes, très
« Brazil »,
mais trouvant bien sa place. Un beau projet, donc, illuminé par quelques diamants bruts, mais souvent mal exécuté, visiblement loin des ambitions initiales de sa réalisatrice.