Je pense sans trop prendre de risque que ce film est clairement le plus personnel de Kurosawa. Les huits courts métrages sont inspirés de ses propres rêves. Au regard de la disposition des courts, on peut voir soit des partie de sa vie soit l'évolution de ses idées ou peurs. Par exemple le premier, où la curiosité de l'enfant pousse à braver les interdits fait écho à l'interdiction du père de Kurosawa d'aller au cinéma. ou un autre avec la peur de la radioactivité déjà présent dans "vivre avec la peur". ou cette vision utopique écologiste de vivre en harmonie avec la nature comme dans "Dersou Ouzala". En cela même si le fantastique intervient que certains courts sont très conceptuels, Ce film est presque une synthèse de sa filmographie, de certains thèmes qui lui sont chers.
Visuellement parlant le film est magnifique. Chaque plan est très pictural. Et je trouve que l'utilisation de la couleur depuis Kagemusha apporte énormément à ses films (comme dirait Kurosawa: "Dodes'daken était mon brouillon"). Rêves ne pouvait être qu'un film en couleur tant l'utilisation de celle-ci apporte de la matière. Et voir tout simplement obligatoire quand on fait un rêves sur Van gogh. Le rythme est plus lent que ses films précédents. Un rythme de ses débuts avant les 7 samouraïs collant très bien avec l'onirisme. d'ailleurs le court "la tempete de neige" en est l'exemple le plus flagrant.
J'ai beaucoup aimé ce parti pris. à 80 ans, Je dis bravo.
Une oeuvre de peintre au cinéma /20