L'aéroport, rassemblement d'individus isolés et indifférents, qui tous, ne peuvent supporter la promiscuité que notre compagnie low cost leur impose.
Devenir hôtesse n'était pas un rêve de petite fille, je crois que l'idée m'est venue 1 an et demi après la mort de ma mère. Dans quel but ? Échapper à une vie plus difficile qui m'attend chez mon père je crois, et le moyen le plus sûr d'y échapper, c'était de m'envoler.
Produit de notre génération instagram, construite sur l'illusion du fausse vie meilleure, qui n'est en vérité que fuite et fantaisie, mon rêve est d'aller vivre à Dubai, ville des facades et des illusions...
Voler d'avion en avion, de pays en pays pour gagner sa vie, quel rêve hein ? Mais la réalité est tout autre, le low cost, la promiscuité avec les gens, les regards et remarques misogynes des hommes, l'exigeance irréaliste de beauté, la fatigue, les décalages horaires,...
Hôtesse de l'air n'est pas le métier sexy et glamour que les gens imaginent, fantasment même. On ne fait pas que montrer les consignes de sécurité, vendre des boissons toutes les heures, et pavaner sous les bras des pilotes d'un avion à l'autre. Plusieurs vols par jour, des hôtesses jeunes car jolie, qui voient leur contrat ne pas être renouvelé, car il ne faudrait pas les augmenter avec l'âge et l'expérience qu'elles accumulent. Une jeunesse qui nous permet également de tenir un rythme effréné.
Avec cette vie, je cherche à fuir la banalité de l'existence, qui me renvoie à la banalité de l'accident qui a causé la mort de sa mère. Le vol, le grand frisson, et la vie spécial, en opposition à la vie de classe moyenne fade chez mon père...
Fuir sans cesse, ne jamais se poser, que ce soit en étant toujours dans le ciel, ou dans des relations d'un soir. Ne plus s'attacher pour ne plus souffrir.
J'aimerais parfois crier ma solitude et ma tristesse, mais dans le ciel, sous le bruit des réacteurs, personne ne peut nous entendre.