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Pour commencer, résumons le film qui aborde un sujet épineux. Sylvie est la mère célibataire de Jean-Jacques adolescent et de Sofiane, enfant. Une nuit, alors que Sylvie travaille, Sofiane se brûle gravement en voulant faire des frites. Transporté aux urgences, il fait l'objet d'un signalement qui provoque son placement, confirmé par une décision de justice. Sylvie, mise devant le fait accompli, n'aura de cesse de se battre contre une machine judiciaire pour récupérer son fils.

Le sujet épineux, bien entendu, c'est l'Aide Sociale à l'Enfance qui se montre inflexible et arbitraire face à une mère aimante et désemparée. Principe de précaution oblige, les services sociaux appuyés par la justice estiment que dans le cas présent il est plus important de protéger l'enfant que de le laisser avec sa mère qui ne peut pas s'en occuper correctement. Bien entendu, je ne me risquerai pas à émettre le moindre avis sur la question sinon pour dire que le film présente les services sociaux, sur cette affaire, comme étant particulièrement obtus et dépourvus d'empathie. Je pense surtout qu'il faut se garder de toute généralisation car ces mêmes services sociaux ont certainement à leur actif un grand nombre d'enfants efficacement protégés contre des parents réellement maltraitants ou dévoyés.

Une fois que le problème est ramené à un cas particulier, il reste le portrait de cette mère magnifiquement porté par une Virginie Efira qui se défend âprement mais certainement maladroitement contre l'engrenage dans lequel son fils et elle, sont entrainés. Une vraie louve à qui on a retiré son petit et qui rue dans les brancards contre lesquels elle ne parvient pas à se faire entendre. Au contraire, pour poursuivre avec la métaphore de la louve, plus elle bouge, plus elle s'enfonce ou plus le piège se referme.

Spoiler : Le sommet étant atteint lorsque le jeune Sofiane, qui est malheureux et veut retrouver sa mère, saccage un local de l'ASE : les services sociaux ne peuvent proposer à une Virginie Efira effondrée, que de mettre son fils sous médocs pour le calmer et de suspendre toute visite avec sa mère. La double peine.

C'est le sixième film où je vois jouer Virginie Efira et je suis toujours aussi épaté par son jeu, son implication dans ses rôles, sa présence sur scène. Je ne connais pas les autres acteurs et actrices qui me paraissent bons avec, toutefois, une petite mention pour le jeune Felix Lefebvre, que je découvre, dans le rôle de Jean-Jacques le fils aîné et qui fait preuve aussi d'une belle présence sur scène.

Au final, ce film mis en scène par Delphine Deloget, dont c'est le premier long-métrage de fiction, nous fait un beau portrait d'une femme qui se débat, seule, avec une justice bien peu compatissante.

Et si en plus, cette femme, c'est Virginie Efira, alors que demande le peuple ?


JeanG55
8
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le 10 nov. 2024

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