Rodan, suite indirecte de Godzilla, est le résultat de l'appel financier fait à Ishiro Honda. Alors que la papa du lézard géant encaissait les bénéfices de son succès et tentait de faire des films plus intimistes (soldés par des bides au box-office), il fut bien résigné à remettre le couvert de ses grands monstres destructeurs. Succès de nouveau, mais on sent que l'envie n'y est pas : scénario bâclé (quasiment le même que Godzilla, mais avec un ptéranodon, soit un ptérodactyle géant), effets spéciaux repoussants (la grosse chenille où l'on devine les techniciens remuant les jambes sous chaque jonction, Rodan qui secoue les ailes comme un homme en état d'ébriété...) ou encore des maquettes qui ne se cachent pas (les fils qui se voient comme le nez au milieu de la figure au-dessus de Rodan, les tanks qui sont des jouets...). L'entièreté du film sonne faux et farces-et-attrapes, et l'on regrette bien car il s'agit d'un hommage aux kaiju, ces divinités monstrueuses qui protègent la nature, ici attaquée par des mineurs zélés. L'aspect écologique est assez agréable, surtout lorsque l'on doit décider s'il faut tuer ou non l'animal (et les chenilles) qui étaient là avant que l'homme ne les dérangent. Le final va bien en ce sens, car les héros (un jeune couple) découvre attristé que Rodan avait
un compagnon ptéranodon, qui se suicide après la mort de ce premier
, réduisant l'espèce à néant. Mais encore une fois, ladite scène est si mal faite que l'on croit plutôt voir deux frisbees jetés au feu... Le sujet se tient à peu près droit avec sa morale écologique, mais Rodan reste tout de même visuellement ultra-hideux.