Un des premiers films de Rossellini hors de l'emprise fasciste italienne en 1945. Fellini a contribué au scénario.
Le film évoque des actes de Résistance à Rome et repose sur des personnages ou des histoires vraies. Des résistants représentatifs de diverses origines sociales (un ingénieur, un typographe, un prêtre) sont repérés par les allemands et se cachent jusqu'au moment où ils sont trahis et pris puis torturés et exécutés. Dans l'ensemble, la population du quartier plutôt populaire est solidaire et bienveillante. Un personnage central est joué par Anna Magnani dans un rôle de veuve et de "mère Courage", mère de plusieurs enfants dont un jeune résistant.
Visiblement, le film sorti en 1945 a manqué de moyens techniques.
Les scènes se succèdent et sont très dépouillées et ramenées à l'essentiel mais très réalistes. Plusieurs scènes sont inoubliables :
- la scène de la rafle avec Anna Magnani qui tente de protéger les résistants dans leur fuite avant d'être abattue par les allemands
- la scène de la torture d'un des résistants en présence du prêtre, lui aussi résistant. Lorsque l'homme meurt sans avoir parlé, le prêtre, en pleurs, se dresse plein de haine et de dégout et maudit violemment les allemands présents qui reculent sur l'instant.
Le prêtre sera exécuté devant les enfants de la paroisse où il exerçait.
Le scénario privilégie souvent le symbole à la vraisemblance : un exemple assez caractéristique est le moment où la femme qui a trahi les résistants, par faiblesse et par manipulation, est mise en présence du résistant torturé et mort (qui est, en plus, son ancien amant venu se réfugier chez elle) ; lorsqu'elle réalise que tout ceci est dû à sa trahison, elle s'évanouit. Il me semble hautement improbable que les tortionnaires de la Gestapo aient pu laisser voir le résultat de leurs actes avec le risque de témoignages ultérieurs. Par contre, le symbole est très fort.
La version française du DVD que j'ai visionné dispose d'une bande-son assez lacunaire et les dialogues des allemands entre eux auraient bien mérité quelques sous-titres même si on se doute du sens général des paroles.