Vous savez pourquoi les films sur la seconde guerre mondiale vus des civils sont bons ? Parce que nos limites morales sont toujours bouleversées. Collabo ou résistant ? Quelle est la vraie limite entre les deux ? Torturer pour la justice ou pour la vengeance ? Que pensez des artistes qui ont continué de produire au lieu de s’engager ? Les soldats obéissaient ils aux ordres ou faisaient ils preuve de cruauté voire ont ils pris du plaisir à faire du mal ? Dès la fin de la guerre, des réalisateurs des pays occupés ont traité de ses questions comme Clouzot.
Or ce qui me gène profondément avec ce film est que dès 45, Rossellini part sur un nouveau roman national d’exaltation de la résistance. Or ce n’est pas la vérité mais une chimère, un mensonge qu’on se raconte pour se rassurer. Certes, le film se base sur de multiples histoires vraies. Cependant, où sont les fascistes ? Tout le long du film, les seuls antagonistes sont des Allemands. On croirait presque que tous les Italiens étaient tous résistants et tous contraints par des bottes Hugo Boss. Le film fait des résistants des figures romantiques, des martyrs presque des christs de la liberté. Une seule Italienne collabore sous les traits de la femme fatale et tentatrice. Mais, les vrais fascistes semblent ne jamais avoir existé.
Et c’est cela qui me gêne avec ce film. On prétend que c’est réaliste mais on est dans une vision totalement romancée de la réalité. On ne voit pas la vraie guerre, celle qu’on cache, celle qui fait honte. Où sont les Italiens qui tuent d’autres Italiens ? Où sont les résistants qui ont eux aussi été amenés à torturer des soldats parce qu’ils ne faisaient qu’obéir aux ordres ? Ou alors, est ce qu’ils y obéissaient vraiment ? Toutes ces questionnements que posent les autres films sur ce thème avec plus ou moins de bonne intelligence passent complément à la trappe.
Vous voulez savoir comment est mort Mussolini. Des communistes l’ont tabassé, arrêté et l’ont exécuté sommairement avant de pendre son cadavre en public avec les pieds en avant comme un jambon. Pas de procès mythique. Pas de quête de vengeance exaltante. Non juste de la merde, le scandale de la vie humaine dans sa crasse la plus pure et sans paillettes.
C’est pourquoi au-delà du grand récit du néoréalisme italien construit par Bazin et autres (sachant que Rossellini a lui même rejeté l’appellation néoréaliste) et même si je rend hommage à la technique et à l’innovation é essayant de faire du cinéma dans ses conditions. Le projet esthétique de décrire le réel est à mon avis clairement raté. Ainsi, je le contenterai d’un modeste 6 et en espérant que mon avis ne vous ait pas forcement convaincu mais au moins questionné.
Enjoy ! ; )