Quand j’étais allé voir "Senna" (que j’avais par ailleurs trouvé exceptionnel), je n’avais pas pu m’empêcher de me dire qu’en fiction, ce genre d’histoire, ça pourrait avoir aussi un sacré potentiel. Visiblement je n’ai pas été le seul à avoir eu cette idée (à moins que ce soit un hasard ?) puisqu’au fond ce "Rush" reprend toute la trame narrative du documentaire de Kapadia. Tout y est : de la dualité Prost/Senna, en passant par les guerres de paddocks...
...jusqu’à la réconciliation dans l’accident.
Formellement aussi, de nombreux plans ou effets de narrations audiovisuelles sont bien similaires. Volontaire ou pas, difficile de ne pas faire le lien entre les deux œuvres. Mais dire ça, pour moi, ce n’est pas un souci. Qu’on s’inspire du meilleur, surtout pour traiter au cinéma d’une de mes anciennes passions, moi je ne demande que ça. Ce film, je l’avais imaginé, je le voulais : Ron Howard l’a fait ! ...D'ailleurs c’est peut-être là toute la limite de ce « Rush ». Car oui, c’est peu dire que le gentil Richie n’est pas réputé pour son audace et son génie derrière la caméra : certes c’est souvent propre, mais c’est aussi régulièrement plat, académique et surligné comme un bon élève rendrait une copie à son prof. Alors – je vous le cache pas – il y a encore de ça dans ce "Rush" : ça parle trop , ça surligne trop, ça caricature trop (pour l'intro et la conclusion, j’ai trouvé ça particulièrement horripilant)... Combien de fois d’ailleurs ai-je voulu que les voix-off se taisent ; que les lignes de dialogues laissent s’échapper davantage d'ambiguïté dans ces rapports Lauda/Hunt et qu’on zappe les sempiternelles scènes de romance stéréotypés...Mais – pour être honnête – je l’ai d’autant plus désiré que, pour le coup, je trouve qu’il y avait au milieu de tout ça une belle audace. Et je trouve que c’est notamment le cas dans quelques scènes qui m’ont beaucoup parlé et dont les effets étaient remarquablement maitrisés (la panne en Italie et le départ du dernier Grand-prix sont vraiment deux scènes qui m’ont vraiment grisé, chacune dans leur registre). Parce que oui, en fin de compte, malgré cette séquence finale de trop et malgré ces surlignages permanents, ce "Rush" maîtrise quand même sacrément bien son sujet et parvient à dégager un vrai souffle de cette aventure ; une vraie sincérité de cette rivalité humaine. C’est vrai que si on y réfléchit un peu, après coup, on peut se dire qu’en fin de compte le film ne racontait pas grand-chose de génial. Mais on peut aussi se contenter de ce souvenir : celui du frisson de quelques scènes, de la captation lors de certaines courses, de l’émotion juvénile face à ce récit certes basique mais tellement rodé et efficace. Du coup, je l’assume pleinement : voilà un spectacle qui malgré tous ses défauts m’a bien emballé et que je pourrais surement revoir sans déplaisir. A bon entendeur...