Born to be Wild at Heart.
Mon coeur sauvage était à prendre mais David ne l'a pas saisi.
Je lançais pourtant Wild at Heart dans les meilleures dispositions, ou plutôt avec le meilleur à priori possible : oeuvre de mon créateur fétiche, Lynch, auréolé de la récompense suprême dans l'un des plus prestigieux festivals de cinéma, Nicolas Cage au casting, promettant une interprétation démente guidée par l'étrangeté typique du cinéaste Montanien, un pitch alléchant, entre road movie, romance et thriller. Et pourtant, ça a fait "Pschiiiit". De mon modeste point de vu bien entendu.
Outre mon à priori positif voire enjoué, le film démarrait bien à mes yeux : Cage éclate une gueule de manière archi-violente (pour une scène d'intro, faut reconnaitre que ça plante le décor assez drastiquement). La narration et le montage font des aller-retours astucieux, dévoilant l'intrigue de manière parcellaire. Une intrigue qui se met en place délicatement, et qui donne envie d'aller plus loin.
En effet, on fait face à un Romeo et Juliette moderne et Rock'N'Roll, avec la mère de Lula farouchement opposée à l'union entre sa fille et Sailor d'un côté, on nous présente également une sombre histoire de meurtre déguisé, bien amené par les dialogues ainsi que par cette obsession qu'à Lynch de filmer en gros plan les départs de feu (allumettes et cigarettes y passent). On s'attend à ce qu'il y ait des choses à démêler, du mystère, un puzzle à reconstruire par le spectateur. Or, il n'en est rien.
Ce n'était donc sûrement pas l'intention de Lynch. Mais que reste-t-il ? Des amorces d'intrigues arrêtées à mi-chemin (soit, pourquoi pas) ou expédiées, un amoncellement de scènes où la seule ligne directrice semble être de perdre le spectateur dans une surenchère de "bizarrerie" (quelqu'un a des nouvelles de la mère de Lula ?) et une fin d'une mièvrerie absolue qui a du inspirer nombre de scénaristes des années 90/2000.
Tout n'est pas à jeter cependant : la bande-son est de grande qualité - mention spéciale à l'instrumental de Wicked Game de Chris Isaak, la mise en scène caractéristique de l'artiste qu'est Lynch, les scènes de sexe avec aplat de couleur qui donne un côté Pop Art, la dentition de Willem Dafoe, le blouson en cuir de serpent de Cage, quelques scènes où la tension est palpable et encore une fois la dentition de Dafoe.
Bref, j'ai du passer au travers. Quelque chose a du m'échapper. Toujours est-il que mon sentiment global est très mitigé, je suis resté à quai lors de ce voyage. Je comprends aisément qu'on puisse apprécier le conte trash de Lynch, mais je reste très étonné de la Palme d'Or qu'à reçu le film. Non pas que cette distinction doit qualifier uniquement des chef-d'oeuvres unanimement reconnu, mais je ne trouve rien à celui-ci qui rentre dans les cases du Jury cannois, si ce n'est un élément : le film aurait-il été récompensé s'il ne faisait pas écho au Magicien d'Oz de Flemming ?
La question mérite d'être posée, tant l'industrie aime les hommages et l'auto-congratulation.