Le film fait immédiatement penser à Alien de Ridley Scott, aussi bien sur le thème que sur les décors (bien qu’il s’agisse ici d’un chalutier de pêche) ainsi qu’à The Thing de John Carpenter, influences dont la réalisatrice irlandaise, Neasa Hardiman, ne se cache pas. Mais celle-ci introduit une dimension originale, celle de la confrontation de deux cultures, la culture scientifique et rationnelle de Siobhàn (Hermione Corfield) et la culture pleine de traditions et de superstitions des marins du chalutier que la réalisatrice, petite-fille de marins-pêcheurs, connaît bien. Sur ce point, comme le fait remarquer Bertrand Mathieux dans son article sur citizenpoulpe, « la scène nocturne où Freya (Connie Nielsen) et Siobhán (Hermione Corfield) admirent des tâches lumineuses visibles dans le sillage du bateau est significative : conformément à sa formation, Siobhán décrit le phénomène physique correspondant (it’s bioluminescent phytoplankton : du phytoplancton bioluminescent) tandis que Freya, qui connait ce même phénomène, évoque une légende issue de la mythologie celtique irlandaise : ce sont les cheveux de Niamh Cinn-Óir, qui s’est offerte à la mer suite à la perte d’un amour, qui éclairent la surface de l’eau… ». La réalisatrice renouvelle donc ici les thèmes classiques de l’invasion et de la contamination virale et nous donne donc un film à la fois très réaliste, remarquablement interprété, poétique et original, qui confirme qu’en matière de fantastique c’est souvent du côté de l’Irlande qu’il faut aujourd’hui chercher le meilleur.