Il peut être tout à fait légitime de s'agacer du succès (tout relatif) des films de Jonás Trueba qui, s'ils étaient français, seraient vraisemblablement qualifiés par le dévalorisant épithète de "bobo." Issu de ce creuset-là,le récent Venez voir affichait les limites du genre, pour une profondeur que l'on cherche encore. Septembre sans attendre constitue donc une bonne surprise et pourrait même plaire aux nostalgiques de certaines œuvres emblématiques du Woody Allen de la grande époque. L'aspect répétitif, quasiment en boucle, de Septembre sans attendre, qui est évidemment volontaire et dont le cinéaste se moque d'ailleurs gentiment, fait partie du charme discret de cette comédie madrilène autour du couple et de la rupture d'icelui, qui pourrait donner lieu, ou pas, à une célébration, au grand dam de la majorité des proches des futurs ex. Les joies de la séparation et l'ironie qui en découle sont au cœur d'un film souvent pétillant, notamment grâce à ses excellents acteurs et à des dialogues qui ne manquent pas de sel. Sans oublier un procédé qui fonctionne toujours quand il est utilisé à bon escient, ce qui est le cas ici, à savoir la mise en abyme. Une petite pincée de citations ou de références bien choisies : de Kierkegaard à Truffaut, ne fait qu'attiser le sentiment d'avoir assisté à un divertissement léger qui n'a pas oublié de faire preuve d'intelligence.