Ale (c'est la fille) et Alex décident, après 15 ans de vie commune et d'un bonheur manifestement sans ombre, de se séparer. Pour ne pas faire comme tout le monde et suivre le précepte du père d'Ale qui estime et rabâche qu'il serait préférable de fêter les séparations plutôt que les unions, ils décident d'organiser une grande fête de divorce où seront réunis tous leurs amis qu'ils aiment. Ils choisissent le 22 septembre (je m'en fous), comme Georges Brassens.
Le problème est qu'ils ont énormément d'amis et qu'ils vont l'annoncer à chacun d'entre eux séparément. Cela donne un empilement de scènes mais surtout de répliques absolument identiques avec à la clé les réactions des uns et des autres qui ne varient guère à quelques rares exceptions.
Comme les amis, j'ai eu bien du mal à croire à l'éventualité de cette séparation qui devrait se faire dans la joie et la bonne humeur. La première et évidente raison est que ces deux là sont absolument indissociables, parfaitement adaptés l'un à l'autre, complémentaires et complices même dans cet ersatz de vie commune qu'ils mettent en place en attendant de se trouver chacun un appartement. Dans la plupart des comédies de remariage auquel le réalisateur se réfère (Leo McCarey (quelle audace !)) il y a au moins la scène, le moment où le couple est soumis à une irréconciliable bisbille. Pas ici. Leur intimité vire même à la relation fusionnelle lorsque la nuit l'inconscient parle et qu'Ale agitée par un cauchemar s'agrippe à la main que lui offre Alex et se rendort calmement, rassurée, protégée, apaisée. La scène se répète, deux fois au cas où, dure de la feuille nous n'aurions pas compris. Le reste n'est que blabla. Elégamment écrit certes, mais blabla pompeux quand même.
Même si le début était plaisant et que je me suis rendue dans cette salle parfaitement bien disposée, je n'ai pu que me désoler devant ces personnages agaçants. Au moins les intellos dépressifs ou hypocondriaques new yorkais de Woody Allen (auquel le film fait immanquablement penser) étaient drôles et parfois sympathiques. Ici, pas d'humour et plaire aux spectateurs ne semble pas être la priorité.
Evidemment le caractère répétitif des scènes (déploré par un des personnages d'ailleurs) est parfaitement volontaire mais finit rapidement par être lassant. Et puis l'avalanche de références littéraires ou cinématographiques m'ont profondément agacée. J'avais l'impression d'entendre parfois : "vous la sentez bien ma grosse culture ou je vous remets une petite couche de Nietzsche, Kierkegaard, Liv Ullman et François Truffaut ?". Car n'oublions pas l'aspect cinéphile de la chose et l'indispensable mise en abime : Ale est réalisatrice, Alex acteur et ils tournent un film sur la séparation d'un couple.
Je n'ai pas plongé dans cet abime mais j'ai aperçu régulièrement Rohmer à titre de comparaison pour ce film, et il se trouve que je n'ai jamais apprécié le cinéma de Rohmer. Tout s'explique et je me sens cohérente avec moi-même, c'est déjà ça.
P.S. : l'actrice principale est TRES belle, mais mieux vaut réécouter Brassens (clic https://youtu.be/zPDJQYq9y0E)