Apocalypse Ñow
Ce qui fait de Denis Villeneuve, depuis maintenant quelques années, une véritable valeur sure du cinéma nord-américain, c’est qu’il est tout sauf un pur produit hollywoodien. Prisoners n’était pas...
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Denis Villeneuve est imbattable pour représenter la soudaineté et l'imprévisibilité de la violence (non, pas forcément que l'on ne sait pas qu'elle va venir, mais disons qu'on n'est jamais sûr d'où elle viendra et exactement quand elle viendra !). La scène d'introduction met tout de suite dans l'ambiance. Et ce n'est évidemment pas en plongeant par la suite encore plus prêt des cartels mexicains que les choses vont s'arranger. Bref, le réalisateur est totalement dans son élément. Les séquences dans lesquelles le sang est versé sont les meilleures. J'attendais beaucoup de ce Sicario.
Malheureusement, la déception a été à la hauteur de l'attente et principalement, pour ne pas dire quasi exclusivement, pour une raison : le personnage d'Emily Blunt. Je crois que ce dernier mérite une belle place dans le classement des pires têtes à claques de l'histoire du cinéma. Ce n'est nullement la faute de la comédienne que j'apprécie énormément. De plus, elle a montré dans Edge of Tomorrow qu'elle est tout à fait capable d'endosser des rôles de femmes badass, ayant une grande maîtrise d'elle-même, dégageant une impression de grande force physique malgré une silhouette frêle (ce qui ne fait que renforcer la déception ici !). Non, le problème, c'est l'écriture de son rôle.
Bon alors, le film la présente comme une agente du FBI qui accomplit des missions dangereuses. D'accord, mais dans le même temps, elle est une idéaliste qui ne pense qu'à appliquer le règlement (ce qui aurait encore pu passer si elle avait été une planquée dans un bureau, hors du terrain, mais ce n'est pas le cas !). Pour l'idéalisme, le fait qu'elle le conserve tout au long du film n'est absolument pas crédible vu ce à quoi elle assiste. Rien que l'intervention du début remettrait les pieds sur terre à n'importe qui. En outre, elle est dépeinte comme une émotive qui enchaîne les gaffes à une vitesse folle (pour le féminisme, on repassera !). Je doute très sérieusement que dans la réalité, vu les critères de sélection très rigoureux pour entrer au FBI, elle y soit acceptée (en particulier pour intervenir dans des situations de crise, comme la libération d'otages !). Et elle n'évolue pas d'un iota alors que tout ce à quoi elle assiste ferait changer n'importe qui.
Je ne nie pas que son rôle ait une utilité précise dans l'intrigue, mais par-dessus cela, j'ai eu l'impression que l'ensemble voulait faire aussi du regard de la jeune femme, celui du spectateur, en intégrant un élément extérieur à la CIA et à leurs méthodes peu légales et peu morales (mais compréhensibles face à des trafiquants de drogue ayant une grande propension à faire parler les balles !). Ben, pour ma part, c'est raté. Elle est beaucoup trop naïve et beaucoup trop unidimensionnelle, trop oie blanche parmi les loups, pour que je puisse m'identifier un seul instant à elle. Bordel, il ne faut pas avoir trainé des années au FBI ou à la CIA pour savoir que le milieu de la came n'est pas peuplé d'enfants de chœur.
Heureusement que pour rattraper un peu la cata, il y a Josh Brolin, dégageant beaucoup de puissance physique. Mais j'aurais bien voulu en savoir plus sur le personnage. Le film ne le met pas suffisamment en scène. Et surtout, dans la peau de ce qui est pour moi le véritable protagoniste, il y a Benicio del Toro, excellent dans le rôle d'un justicier mystérieux, profondément ambigu, souvent terrifiant.
Le détachement avec lequel il abat la femme et les deux garçons du gros ponte de la drogue est glaçant. Ce type est capable de tout et c'est ça qui le rend flippant ainsi que fascinant.
Bon, je passerai sur le fait peu convaincant que pénétrer dans la résidence d'un nabab de la poudre semble être une chose facile à faire (il suffit simplement d'abattre quelques clampins faisant semblant de surveiller, alors que je pense que dans la vraie vie, le monsieur serait dans une véritable forteresse avec une protection qui n'aurait rien à envier à celle d'un chef d'état !).
Allez pour terminer sur d'autres choses positives ; bon, déjà, je me répète, mais je tiens à insister sur le fait que le cinéaste est un pro quand il filme la violence. Ensuite, tout ce qui est hors du personnage de Blunt, est dans sa grande majorité bon. Et pour conclure, je crois que le tout contient un des plus beaux plans que j'ai jamais vu de toute ma vie. Celui où l'équipe de la CIA se dirige vers le tunnel, en descendant dans le désert, sous un coucher de soleil. Là, je tire mon chapeau à Denis Villeneuve et au directeur de la photographie, Roger Denkins. C'est un régal pour les yeux.
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Créée
le 12 sept. 2021
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