Dès les premières notes de musique, signées Ennio Morricone, sur des images montrant un cavalier à l'allure de desperado déambuler dans un paysage désertique sous un ciel de plomb, on comprend que le vétéran Don Siegel, l'un des parangons du grand cinéma d'action des années 50,60, tape du côté de Sergio Leone.
Le grand western italien, soit à peine 10% de la production transalpine, revisitait avec un certain décalage, le genre fondateur du cinéma Hollywoodien et en proposait une vision alternative et forcément plus latine, donc emprunte d'un style narratif plus ironique et moins romancée.
Au début des années 70, sous le joug de cinéaste comme Sam Peckinpah ou Robert Aldrich, le cinéma américain ayant ingurgitait et digérait les influences de son cousin latin en proposait à son tour sa propre lecture.
Sur un script d'un des meilleurs créateurs du genre, Budd Boetticher, l'homme qui réalisa quelques-unes des plus grandes réussites du western, Two Mules For Sister Sara, titre plus en phase avec ce qui fait la saveur de western que cette traduction française encore une fois très aléatoire, est un western à la fois moderne et traditionnel. Clint Eastwood incarne une nouvelle fois le fameux cow-boy au cigarillo, tout droit sorti de chez Leone. Il croise la route d'une religieuse incarnait par Shirley MacLaine, au final pas si pieuse que ses prédispositions et sa tenue laissaient paraître de prime abord.
L'intérêt de l’œuvre réside dans les rapports entre ces deux personnages que tout semble opposer au préalable, si ce n'est une certaine idée de ce qui est juste. Il la sauve des griffes d'une bande de bandits mal intentionnés, et se propose ainsi de l'accompagner vers des lieux moins hostiles. Commence alors une relation basée assez cocasse donnant lieu à une succession de quiproquos tendant vers un second degré de plutôt bonne tenue.
La réalisation de Don Siegel est emprunte d'une certaine décontraction très proche du cinéma de Leone et propose une vision ironique du western hollywoodien. Même quand le film rentre dans le feu de l'action version Zapatiste, avec ces péons mal fagotés et ses révolutionnaires mexicains prêts à en découdre, la violence des scènes de gunfights sont assez proches de ce que pouvaient proposer les western de Sergio Corbucci ou de Damiano Damiani.
Les années 70 et le nouvel Hollywood sont passées par là, la figure de l'homme au cigarillo aura définitivement imposée le faciès de l'homme à la mâchoire serrée, le grand Clint Eastwood aura pris la place de John Wayne dans la conscience westernienne.
A ce titre, Don Siegel sera celui qui offrira une magnifique porte de sortie au Duke dans l'immense Le Dernier Des Géants et offert une entrée à son remplaçant de conscience. Deux allures, deux tronches incontournables qui continuent et continueront à incarner le héros dur et taciturne du grand cinéma de genre américain.