Quand Ring rencontre 8 MM !!!
Le réalisateur Scott Derrickson écrit que SINISTER « tente d’aborder un vrai sujet et parle d’un personnage qui regarde des films d’horreur ». Une mise en abyme, donc.
Il n’utilise pas le terme à la légère, car il conte ici comment un romancier, Ellison, s’installe avec femme et enfants dans une maison où une famille a été retrouvée pendue. Le tout afin de faciliter ses recherches pour le livre qu’il compte écrire sur cette affaire sordide. Dans le grenier, il découvre un film Super 8 du fait divers… ainsi que des bobines immortalisant d’autres meurtres similaires et plus anciens.
Dans SINISTER, la tension repose en grande partie sur ce mécanisme simple (à la 8MM de Joel Schumacher, en bien) de voir un personnage regarder des snuff effroyables. Glauques et profondément malsains, ces films amateurs donnent une sérieuse leçon aux found footage movies en passant. Scott Derrickson, lui, use de la confrontation du réel avec l’horreur pour plonger un homme dans une atmosphère malsaine quasi naturel. Pour cela, il construit un huis clos sidérant avec pour but principal une étude de personnage plutôt fine. Celle d’un homme qui paiera le prix fort pour ses délires de célébrité. Cet anti-héros foncièrement désagréable – campé par un Ethan Hawke suffisamment bon pour ne jamais le rendre totalement antipathique – devient alors l’unique point de vue sur les événements. Le récit en devient d’autant plus pesant, et enferme alors le spectateur dans une bulle claustro dont il est impossible de s’échapper. Soulignant le tout par une mise en scène souvent habile et un travail sonore impressionnant ( Et cette musique !!! ), Derrickson prend son temps, décortique son intrigue avec soin, refuse certaines règles du film d’horreur mainstream pour privilégier celles du thriller, et disons-le clairement, nous fout sacrément les jetons.
Dès lors qu’on se laisse happer par son ambiance, SINISTER s’élève au-dessus des productions actuelles du genre.