Pour ceux qui auraient eu la chance de ne pas voir Smile 1 & 2 et qui souhaiteraient faire l’impasse, aucun problème vous pourrez trouver le résumé du concept dans cet excellent clip d’Aphex Twin intitulé « Come To Daddy ». Le fameux « smile » flippant en question ayant déjà été mis en image par le même Aphex Twin sur la pochette de son infernal Richard D James Album en… 1996.
Pour le reste, il est plutôt surprenant de lire chez ceux qui se dressent contre l’elevated horror que Smile 2 serait une sorte d’antidote à ce mouvement dont l’appellation n’a de sens, finalement, que chez Ari Aster (pour ma part, depuis La Soupe aux choux version cinéma d’auteur, j’ai nommé The Lighthouse, j’ai disqualifié Robert Eggers, et sans Get Out à son tableau de chasse, Jordan Peel prendrait le même chemin). Bien sûr on voit Parker Finn animé d’une volonté, notamment dans ce deuxième volet, de tricoter autour d’un drame humain des visions horrifiques, afin de mieux le sublimer ; ce à quoi prétend(rait) l’elevated horror. Mais les enjeux de Smile 2 sont trop simples. Si simples d’ailleurs qu’ils peuvent se résumer à cette question : ce que voit Skye est-il du lard ou du cochon ? Autrement dit, est-elle encore camée ou pas ? Sans trop se casser la tête, Parker Finn nous vend une réponse de normand : les deux mon capitaine. En ce sens, Smile 2 ne dépasse jamais sa condition de film purement théorique. Que l’idée de la transmission (comment ? pourquoi ?) n’intéresse pas Parker Finn est une chose défendable, mais qu’elle soit seulement un prétexte à des scènes d’épouvante, rarement marquantes par ailleurs, en est une autre. Sur ce même thème de la malédiction qui tombe du ciel et et te chope au petit bonheur la chance, David Robert Mitchell avait fait beaucoup mieux avec son It Follows (dont on attend d’ailleurs avec impatience le deuxième volet) avec un portraits d'adolescents solaires.
La question qui se pose après ces 2h10, c’est la pertinence du partage des genres. Qu’il s’agisse du premier ou du second volet, Smile promet beaucoup dans ses longues introductions avec ses portraits de femmes aux bords de la crise de nerfs. Mais dès que le fantastique s’invite, on sent Parker Finn en difficulté. Le drame parasite l’horreur, et les séquences d’épouvante annulent tout le travail autour du cauchemar vécu par Skye. Le potentiel autour de cette figure de la pop mondialiste était énorme : derrière le sourire figé des clips, des soirées de galas philantropiques, d’un entourage plus ou moins dévoué, se niche un profond mal-être. Mais pour nous attacher à Skye, il aurait fallu la rendre touchante. Problème : Skye est une petite conne que rien n’autorise à défendre (elle traite clairement son entourage comme de la merde), si ce n’est peut-être la relation toxique qu’elle entretient avec sa mère « manager » vampirique.
D’une certaine manière, on sent Parker Finn hésitant : veut-il nous faire participer à un jeu de massacre cérébral envers un type d’icône qu’il exècre, ou attend-il de nous de l’empathie envers une figure médiatique abusée par son entourage ? Dans les deux cas le résultat s’avère peu convaincant.