Espace mental et nostalgie des sentiments sont les aboutissements que ce cinéma extrêmement cérébral et austère aura su au final m’apporter dans une sorte de voyage intersidéral stupéfiant.
Chantre du cinéma de l’outrance labyrinthique refusant le démonstratif, hé oui il y a quelque chose d’outrancier dans ce refus catégorique là…, Tarkovski nous transporte dans un long trip de près de trois heures abreuvant sa non-narration d’un esthétisme bluffant, un jeu des couleurs touchant au suprême et la musique de Jean-Sébastien Bach comme un accompagnement divin.
Partir loin pour mieux apprécier ce que l’on a tout près de nous, voilà en substance le message que j’ai retenu de ce film. Au gré d’une longue digression au-delà de touts repaires rassurant, les tunnels de la ville, les couloirs de la station orbitale mènent le spectateur témoin dans cette sorte de rituel d’un éternel recommencement, la renaissance en forme de régénération, probablement l’acceptation de la spiritualité aussi. Mourir c’est renaître et la vie est un éternel recommencement fait de longs couloirs uniformes dans lesquels il est de bon ton de ne pas s’attarder.
J’ai été stupéfait par un plan en particulier, même si le film en regorge à foison, il s’agit de cette manière de donner une incroyable profondeur de champ à une peinture montrant des paysans dans un immense paysage enneigé. L’art sous toutes ses formes est un artifice dont Tarkovski use comme d’autres usent d’effets de style ou d’effets spéciaux pour illustrer leur propos.
Au bout de près de trois heures de non-spectacle on ressort lessivé, même si bluffé par la beauté spectrale des images mentales que le réalisateur nous a projeté pour étayer son œuvre. Est-il possible de dire que lorsque l’on a pu suivre Solaris dans son intégralité, on peut à près tout regarder…