Quelle morale tirer de ‘Stoker’ ? Aucune. Et c’est peut-être là ce qui fait le charme du film.
Du début à la fin, l’intrigue semble irréaliste, avec ses personnages tout à fait particuliers, et son ambiance peu à peu malsaine. India est une adolescente glaciale et intrigante, dont le père est décédé le jour de ses 18 ans. C’est ce moment que choisi le trop charmant Charles, l’oncle oublié pour troubler à la fois India, sa mère, et le spectateur.
Si les ambitions de Charles ne sont pas claires, celles du film le sont encore moins. En même temps que le récit s’enfonce dans la perversité, il devient aussi plus beau. Tandis que les cadavres fleurissent, India s’épanouit. Et le résultat met particulièrement mal à l’aise : si la séquence sous la douche est perturbante, le somptueux duo de piano est presque dérangeant. Sur la fin du récit, les plans se font même lumineux, du formidable flash-back du toboggan, jusqu’à la conclusion sanglante sous un soleil radieux. L’intrigue n’est finalement pas excellente, mais sans savoir pas où va le film, il surprend de bout en bout.
La réalisation est sympathique, et le montage a le mérite d’être tout à fait clair. A cela s’ajoute la prestation franchement perturbante de Matthew Goode et une bande-originale vraiment inspirée, variant morceaux rock, musique d’ambiance et un générique parfait, sans compter l’inoubliable duo de piano.
Une œuvre perturbante mais bizarrement plaisante.