Stoker par MarouaneZemmour
Après l’excellent «Thirst», Park Chan Wook revient avec Stoker et fait encore preuve d’un vice et d’une perversité assez délectable.
Dans la famille Stoker, une jeune adolescente de 18 ans (India) renfermée et solitaire voit débarquer dans sa vie, suite à la mort de son père, un oncle dont elle ignorait l’existence. C’est sans surprise, que le réalisateur nous livre un film complètement tordu et d’une bizarrerie singulière. Dans cette atmosphère débute un parcours initiatique pour India où elle révèlera sa perversité et son penchant pour un érotisme macabre. L’inceste, sujet récurrent chez Park Chan Wook, filmé de manière détachée participe de cette étrangeté. On en vient donc souvent à se poser la question de l’existence réelle de ces personnages ou de leurs vampirisme, vivant reclus et dont la pâleur révèle l’effacement social. Nicole Kidman, dans une atmosphère quasi similaire, prend le contrepied de son rôle dans l’excellent «The Others» de Night Shyamalan en mère peu aimante et engouffrée dans un triangle amoureux incestueux.
Les personnages, aussi pervers les uns que les autres, sont servis par un casting convaincant. Park Chan Wook manie la caméra avec une telle précision qu’il se permet de luxe de nous duper visuellement avec des jeux de caméra ingénieux. L’originalité visuelle du film rattrape un cruel manque d’écriture. Le scénario écrit par Wentworth Miller (Prison Break) est d’un vide déconcertant. Le peu que raconte ce film est d’une telle facilité qu’il s’avère en totale contradiction avec la méticulosité des mises en scène. Les symboliques du film (l’araignée pour la sexualité, les chaussures pour la féminité) sont d’une lourdeur qui n’aide en rien le film à se dépêtrer d’un vide scénaristique.