Étaix a toujours été un homme de courts métrages. On le découvre avec le visionnage de Tant qu’on a la santé, 77 minutes d’une compilation de quatre sketchs, car on repense à ses créations précédentes & l’on se rappelle des coupures trop brutales, de la sensation d’empilement qui use l’humour trop loin & donne l’impression qu’il étire ses sujets.
Avec le court métrage, il laisse exploser la quintessence de son génie comique, abandonnant son clown de scène & réalisant des situations où tout devient procédé. L’invisible & la surprise deviennent les funambulistes sur le fil de scénarios qui devaient être de vrais modes d’emploi afin que tout s’actionnât correctement & en séquence.
Toujours un peu muet, il réclame toute notre attention, car son humour peut aussi bien être surréaliste & étendu que ponctuel & adroit, une prestidigitation cinématographique magistrale qui nous rappelle au bon souvenir de fous rires continus qu’on croyait perdus avec notre innocence de spectateur trop averti. L’artiste se réclame de Méliès & de Chaplin. Avec son complice Jean-Claude Carrière, il se place définitivement dans leur lignée au point qu’il est difficile de croire qu’il soit encore si peu connu.
Quantième Art