The Apprentice
6.9
The Apprentice

Film de Ali Abbasi (2024)

La résistible ascension d’Arturo Ui, pardon, je voulais dire Donald Trump

À moins d’un mois d’une élection présidentielle américaine dont le résultat promet d’être extrêmement serré, la sortie du film « the apprentice » est tout sauf anodine. Le biopic sur un personnage tel que Donald Trump promettait d’être intéressant et il l’est. Je n’ai personnellement pas lu les livres traitant du passé du personnage, de son ascension jusqu’au fauteuil présidentiel en 2016, mais la curiosité m’a poussé à m’asseoir et à regarder ce film à la fois étrange et saisissant. On y découvre un Trump jeune, falot, ignare au dernier degré au point de ne pas reconnaître Andy Warhol quand il le croise (et que celui-ci est au sommet de sa célébrité new-yorkaise). Les péripéties de sa découverte par un avocat sulfureux et son ascension sont parfaitement rendues avec des images vidéo refaites qui donnent le ton et l’ambiance des années 80 et 90 à New York, des années « fric » ou « Reagan » qui ont vu la misère extrême et l’opulence se côtoyer sans se voir dans cette ville. Parlons maintenant cinéma : il y a une performance d’acteurs exceptionnelle dans ce film. Tout d’abord, Sebastian Stan qui interprète Trump jusque dans ses mimiques, ses expressions et ses obsessions, le rendent plus vrai que nature. Sans Jeremy Strong, en Roy Cohn sulfureux dont le jeu redonne vie au mentor qui a permis l’éclosion de Trump, ce dernier serait resté un imbécile ambitieux dont la valeur intrinsèque est proche du néant absolu. Le personnage de Cohn est le catalyseur qui transforme une matière inerte en une bombe ravageuse et le film restitue cela parfaitement. Enfin, une mention à Maria Bakalova qui interprète Ivana sa première épouse, dont les détails croustillants tirés de son livre de mémoires ont clairement alimenté le scénario. Au final les deux heures passent en un clin d’œil et on a parfois l’impression d’assister à un Live TV. Le talent d’Ali Abbasi qui m’avait saisi dans « les nuits de Mashad » est d’explorer les tréfonds maléfiques de l’âme humaine et, de ce point de vue, son film me fait penser à la pièce de Berthold Brecht écrite en 1941 : « la résistible ascension d’Arturo Ui »ou comment un imbécile dangereux que personne, par opportunisme ou lâcheté, ne stoppe avant qu’il ne devienne un tyran. À méditer.

SaintPol
7
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le 19 oct. 2024

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SaintPol

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