On va tout de suite évacuer un sujet, mon rapport aux cinéma de supers héros et aux super héros en général. Je m'en fous. Ce n'est pas ma culture, ce n'est pas mon plaisir, ce ne sont pas mes souvenirs d'enfance ou d'adolescence. Je connais les principaux personnages, comme superman ou spiderman parmi quelques rares autres, mais c'est à peu près tout et à de rares exceptions, souvent les premiers films lié à un super héros, je m'épargne les sorties Marvel et similaires. Néanmoins, en tant que cinéphile, je suis toujours curieux de découvrir une proposition qui veut ou tente de sortir des poncifs du genre, Logan (2016) ou Joker (2018) par exemple, aussi cette vision de Batman, en passant mon super héros préféré, de part sa nature humaine et sa noirceur qui en font un héros fait de nuances de gris, absolument pas manichéen et même moralement discutable, des points qui moi m'intéressent dans l'appréciation d'une personne ou d'un protagoniste d'oeuvre artistique et parce qu'enfant, j'ai pu grâce à mon père monter dans la batmobile du Batman (1989) de Tim BURTON et qui reste encore aujourd'hui l'une de mes versions préférées.


Autre sujet à évacuer rapidement, le choix de Robert PATTINSON pour incarner le justicier masqué. Comme à chaque annonce de cast, on a vu fleurir les commentaires de fans manifestement émus pour qui "ce n'est pas mon batman !" reste le seul argument dans une fragilité assez déconcertante. A titre personnel, je me fous de savoir quel acteur prendra le rôle d'une personnage de fiction, tant que son jeu de comédien me propose quelque chose de neuf et un niveau de qualité élevé, or si je n'ai rien à redire dans cette incarnation, me semble t'il inédite au cinéma, d'un Batman/Bruce Wayne encore jeune, à peine sortie des tourments adolescents et pas encore cette figure de playboy lisse, je suis plus réservé sur l'aspect comédie de la prestation de Monsieur Pattinson.


A dire vrai, si j'ai pu apprécier des films où il jouait, The Rover (2014) comme en détester d'autres, High Life (2018), je n'ai jamais été ni séduit, ni convaincu par les prestations de cet acteur, qui je trouve rejoue souvent le personnage perdu quelque part entre la mélancolie pubère et la dépression romantique, un peu toujours l'impression d'avoir devant moi un exhaustif du parfait émo.

Hélas c'est très vite que je suis gêné dans mon visionnage par cette faiblesse et dès lors le film a intérêt à être irréprochable ailleurs.


Encore une fois Matt REEVES s'approprie un univers déjà bien développé et sans le dénaturer y insuffler sa vision et ses idées, sa mise en scène a à la fois la précision clinique qui permet une lecture fluide des scènes d'action, ce qui manquait parfois dans la trilogie nolanienne, et une envie permanente d'être force de proposition, et laboratoire d'expérimentations ce qui en tant que spectateur m'a ravi.


La photographie est absolument sublime et ce travail sur le noir et le rouge qui parcourt tout le film ne sera pas sans rappeler les clairs obscurs d'un Caravage qui dialogueraient avec les romans graphiques les plus adultes de l'édition japonaise.


Au niveau du scénario, j'entend les critiques qui disent que l'aspect détective de Batman est mal exploité et finalement anecdotique dans la résolution de l'intrigue et même je les partages, en revanche je n'ai absolument pas été dérangé par la partie que beaucoup considèrent comme un ventre mou, bien au contraire, j'arrive à un âge où les pauses et les respirations me sont essentielles et où un rythme soutenu sans interruption me fatigue et me sort du spectacle, donc non moi j'ai aimé cette longue exposition, même si effectivement en conclure que Gotham est corrompue, donne un côté "Captain Obvious".


Au final, ce film prouve qu'on peut marier cinéma populaire et cinéma d'auteur, que les fans du premier peuvent et méritent des offres de qualité, pensées, travaillées, techniquement satisfaisantes et que les hérauts du second peuvent aussi apprécier des choses plus mainstream. A condition d'exigences artistiques plus fortes que les exigences comptables. Il me semble qu'en plus, tout comme celui-ci, les films qui prennent ce risque rencontrent le succès et sont toujours sources de débats qui font avancer l'ensemble du cinéma.


Un film vraiment réussi, non exempts de défauts mais dont les qualités et l'orfèvrerie en font un spectacle très satisfaisant.

Spectateur-Lambda
7

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le 18 août 2022

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