Une plongée sous la pluie, entre néons, vengeance et mascara

Où sont ces putains de parapluies ? Sérieusement, il pleut tout le long du film, et tu te retrouves toi-même trempé dans la salle de ciné, absorbé par cette ambiance poisseuse. Après avoir vu Robert Pattinson briller dans des rôles bien loin des paillettes de Twilight, je savais qu’il avait les épaules pour incarner un Batman plus sombre, plus humain. Mais là, il est carrément allé au-delà de mes attentes.

Déjà, ce Gotham. Bordel, Gotham n’a jamais été aussi vivant et pourri à la fois. C’est une ville où tu sens que chaque ruelle pue le désespoir, l’urine, et une clope mouillée abandonnée sur le trottoir. Matt Reeves a compris que Gotham est un personnage à part entière, et il l’a transformé en un truc oppressant, hypnotisant, avec ses néons rouges qui te crient : "Ne reste pas là, ou alors prépare-toi à en chier."

Pattinson livre un Batman énervé, torturé, et surtout… paumé. Il n’est pas là pour jouer au playboy milliardaire. Il cogne, il enquête, et il doute. Son Bruce Wayne, c’est un mec brisé qui n’a pas encore trouvé comment réconcilier ses deux identités. C’est presque un émo qui traîne son mal-être dans un manoir devenu mausolée. Ce n’est pas la vision classique qu’on connaît, mais c’est rafraîchissant de voir un héros encore en construction, qui tâtonne entre rage et idéal.

Colin Farrell en Pingouin ? Une masterclass. Ce mec se fond sous 15 couches de maquillage pour devenir un mafieux aussi grotesque qu’inquiétant. Zoë Kravitz, en revanche, n’a besoin d’aucun artifice. Elle EST Catwoman : féline, maline, et farouchement indépendante. Sa dynamique avec Batman ajoute une tension électrique bienvenue, mais elle ne se limite pas à ça. Elle est là pour ses propres combats, et ça fait du bien de voir une Catwoman avec un peu de profondeur, coucou Halle Berry!

Le Riddler de Paul Dano, quant à lui, est un mélange de génie criminel et de taré façon film d’horreur. Il ne rivalise pas avec le Joker de Ledger, mais il trouve sa propre voix (et ses propres cris flippants). Ses énigmes tordues et ses actes cruels collent à merveille à cette vision poisseuse et ultra-réaliste de Gotham.

Enfin, il faut parler de la musique. Michael Giacchino signe une BO qui te prend aux tripes dès les premières notes. Ce thème principal, lourd et répétitif, te hante bien après le générique.

Là où le film excelle, c’est dans son ambiance. Cette enquête lente, ce Batman détective (oui, il réfléchit, et même plutôt bien), et cette réalisation impeccable. Tout est léché, travaillé, et surtout, jamais précipité. Peut-être un peu trop, d’ailleurs : le film aurait gagné à couper quelques scènes pour éviter les baisses de rythme.

Bref, The Batman est une plongée sombre et viscérale dans l’univers du Chevalier Noir. Ce n’est pas parfait, mais ça n’a pas besoin de l’être. C’est brut, c’est intense, et ça pose les bases d’un Batman encore plus fascinant à venir. 8/10, parce qu’on ressort un peu rincé par l’ambiance, mais pleinement convaincu par ce nouveau chapitre. Et Pattinson ? Rien à redire. Il a prouvé qu’il était à sa place sous ce masque.