Sauf que personne ne l'appelle Lebowski, mais plutôt Duc, ou le duc, ou l'archiduc, si on est porté sur les titres.
Lebowski c'est l'autre, le riche homme d'affaires en fauteuil, dont la femme va être kidnappée, et qui doit de l'argent à des types peu recommandables.
Ces types, confondant nos homonymes, viennent pisser sur le tapis, habillant et équilibrant la pièce, du premier en guise de représailles.
Le Duc, outré et conseillé par ses amis de bowling, va chercher réparation auprès du Lebowski concerné.
Ensuite il y aura donc, dans le désordre, des nihilistes aux ciseaux géants, une voiture accidentée, Jésus, un furet, quelques russes blancs, un producteur de porno, Bob Dylan, des joints, Saddam Hussein, une rançon, Julianne Moore en Walkyrie... Et encore plus que ça !
Conte philosophique, éloge de la paresse, film noir drôlatique, l'histoire de ce branleur Ô combien exemplaire, prouve qu'une vie dédié à la glandouille n'est pas sans intérêt et comporte son lot de virage abrupts de l'existence malgré tout.
Délire visuel et scénaristique dont l'écriture génialement drôle (même lors des moments dramatiques) représente, à mon humble avis, la quintessence du travail des frères Coen.
Travail ici encore magnifié par la qualité de l'interprétation du casting. Quelques habitués de la fratrie, dont un J. Turturro impayable en messie du Bowling. Peu de scènes mais un personnage immédiatement culte et inoubliable. John Goodman, lui, livre là une des meilleures prestations de sa carrière, si ça n'est la meilleure.
Des rôles secondaires aux principaux, tous les personnages trimballent casseroles et difficultés sociales influençant comportements et caractères, les acteurs s'en donnent à cœur joie pour donner vie et consistance à la galaxie burlesque qui croise le Dude durant ses pérégrinations.
Ce dernier, véritablement incarné par Jeff Bridges, barbe, cheveux, sandales intégrées, est le seul de tout ces inadaptés qui reste stable, transportant sa coolitude vers toutes les situations qu'elles soient absurdes, dangereuses, tristes ou joyeuses. Pourvu qu'il y ait de l'herbe, de quoi boire un russe blanc... Et si possible écouter le Creedence...
Pacifiste et très patient (surtout avec Walther), sa seule ambition est justement de ne pas en avoir, se contentant de loisirs simples et de laisser couler. Si les événements se précipitent, rien ne sert de courir, ils vous auront quoiqu'il arrive.
Après visionnage, malgré tout leur talent, aucun autre acteur que J. Bridges n'aurait pu Être le Dude (titre du Duc en V. O. D'ailleurs à noter, car c'est relativement rare, si la V. O. reste préférable, la V. F. est excellente).
Chef-d'œuvre !