J'avais déjà critiqué The Big Lebowski, et, à l’époque, je n’avais pas été convaincu. Pourtant, poussé par un doute persistant, j’ai décidé de lui laisser une seconde chance. Bien m’en a pris : dès le second visionnage, j’ai compris à quel point j’étais passé à côté. J’ai supprimé ma première critique sans hésiter. Ce que j’avais pris pour un scénario trop loufoque et confus s’est révélé être, en réalité, l’essence même du film.
Tout repose sur une galerie de personnages aussi drôles que dramatiques, tous dépassés par des événements qu’ils ne maîtrisent absolument pas. Jeffrey Lebowski, alias The Dude, se retrouve entraîné malgré lui dans une histoire rocambolesque d’enlèvement et de rançon, le tout à cause… d’un simple tapis. À partir de là, c’est l’engrenage : malentendus à la chaîne, incompréhensions totales, et un Dude qui reste fidèle à lui-même, détaché et un peu paumé. Ses amis ne valent guère mieux, tout comme le spectateur, happé dans ce chaos orchestré avec maestria.
C’est là toute la patte des frères Coen. Déjà dans Fargo, on suivait un protagoniste incapable de mesurer l’ampleur de la tragédie dans laquelle il s’enfonçait. Plus tard, dans No Country for Old Men, ils exploreront cette idée avec un pessimisme plus sombre encore. Mais The Big Lebowski joue sur un autre registre : ici, pas de tueur implacable ni de grandes révélations. Tout est décalé, souvent absurde, et c’est précisément ce qui fait son charme.
Sous ses airs de thriller nébuleux, le film est avant tout une comédie délicieusement absurde, portée par une nonchalance irrésistible. The Dude et ses deux compères incarnent à merveille cet esprit cool, désabusé, mais attachant, qui rend chaque scène mémorable.
Un excellent film des frères Coen, à savourer et surtout à redécouvrir. Car, à l’image de son héros, il ne se laisse jamais enfermer dans une case et révèle toute sa richesse au fil des visionnages.