The Host par Kroakkroqgar
La plupart des films de monstres suivent le même schéma classique : une créature apparaît et massacre la population, les personnages principaux se réfugient, puis un héros se révèle et décide d’affronter la bête pour une raison ou une autre. ‘The Host’ ne fait malheureusement pas exception à la règle.
Autant les premiers plans du film laissait espérer un film plutôt intéressant, avec l’énigmatique docteur qui ordonne de vider plusieurs litres de formol dans le fleuve, la découverte de la bête jeune tout en suggestion, puis le plan en plongée sur le fleuve qui stimule notre imagination. Après ça, les défauts se cumulent et le film perd très vite tout son intérêt.
Dans un premier temps, la bête de ‘The Host’ offrait un certain potentiel au film, mais les besoins scénaristiques la décrédibilise fortement. D’une part, le massacre perpétré par la créature n’est absolument pas cohérent une fois qu’on aura compris son mode de chasse. Si la bête ne dévore pas immédiatement ses victimes, et qu’elle ne peut en transporter que deux, pourquoi donc tuer des gens ou s’attaquer à une foule aussi longtemps. Une attaque éclair aurait été à la fois plus crédible, et peut-être même plus effrayante. C’est d’autant plus dommage que la créature est bien modélisée, et qu’elle profite d’un look très original. Mais le film enchaîne les incohérences quant à ses caractéristiques. Avec sa queue préhensile, le monstre aurait pu déloger Hyun-seo et Nam-il de leur cachette. Et que dire de la probabilité que la créature maintienne ses victimes en vie lorsqu’elle les gobe.
L’autre problème du film vient du traitement de ses personnages. Certes, les personnages ne sont pas forcément charismatiques, mais on ne ressent carrément rien pour eux. La mort du grand-père est tout à fait creuse, peut-être à cause de la blague que le film glisse juste avant. On aurait aimé prendre pitié de Park Gang-du lorsque son père explique la raison de sa déficience intellectuelle, mais l’auditoire assoupi consterne. Pourtant, c’est le membre de la famille le plus fainéant et bête qui s’attire le plus vite notre sympathie, avec le grand-père plein de bonne volonté.
Mais de manière générale, l’intrigue est mauvaise. Les péripéties de la famille Park ne sont jamais passionnantes, et c’est un véritable désastre sur le fond. L’incompétence notoire des gouvernements est irréaliste, et leur motivation à supprimer la bête inexistante. On est sidéré quant on entend parler de l’utilisation démesuré du gaz jaune, et on hallucine carrément quand on constate que le gaz est répandu malgré la présence de protestataires sur les lieux. On peut y voir une critique de la politique des Etats-Unis, mais c’est avant tout le scénario qui est bâclé.
Le réalisateur Bong Joon-Ho ne livre pas non plus un produit particulièrement enthousiasmant pour les yeux. Quelques bonnes idées parsèment l’œuvre (les suggestions de la créature en introduction, le ralenti avant que Hyun ne soit gobé par le monstre à la fin), et même si la créature est plutôt une réussite, l’œuvre souffre de clichés de série Z. Notamment, le feu à la fin de l’œuvre est bien raté. La bande-originale est plutôt fade, et on s’étonne même d’entendre de l’accordéon sur une course poursuite.
Un film de monstre ni original, ni intéressant.