On est d'emblée fasciné par les propos tenus par Sean Penn pour son premier film derrière la caméra. On ressent beaucoup de retenue, d'intelligence, portées par une voix-off d'une grande sobriété. On se sent tout aussi rapidement concerné par cette poignante histoire entre deux frères que tout oppose, montrant également en toile de fond un habile traumatisme post-Vietnam, et ce sans jamais le nommer. De plus, Penn a vraiment le sens de l'image, et certaines scènes sont splendides, grand moment de poésie douloureuse et vraiment émouvante. Hélas, après cette incroyable première heure, le film se fait moins percutant et même un peu longuet. Le discours du réalisateur est moins pertinent, son choix des images moins fort, quelques maladresses apparaissant également. Mais certains moments continuent de fasciner, le film restant assez dense psychologiquement et les personnages toujours loin de la caricature. La fin est d'ailleurs assez remarquable, sombre et tragique sans tomber dans le pathos. Enfin, inteprétation hors-pair : David Morse, un impressionnant Viggo Mortensen, une Patricia Arquette inspirée et même un Charles Bronson comme on ne l'avait jamais vu, assez subtil et même émouvant. Pour un premier essai, c'est une vraie réussite : intense et marquante.