Au début, j'adhérais à fond. Réalisation de dingue (quelle technique !), récit dense, narration travaillée, personnages intrigants... Et puis plus rien, ou presque. Non pas qu'au bout de 45 minutes Paul Thomas Anderson se transforme en tâcheron, mais c'est juste qu'il semble déjà avoir fait le tour de ce qu'il avait à dire, s'offrant donc le luxe de se regarder filmer le vide. Alors certes, il le fait donc avec talent, et indéniablement « The Master » ressemble à du cinéma. De plus, au vu du thème passionnant qu'est la naissance de la scientologie, il y a forcément quelques passages à sauver, d'autant que Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman livrent de superbes prestations, sans oublier une Amy Adams malheureusement un peu trop dans l'ombre.
Mais tout cela est montré avec un tel narcissisme, une telle prétention qu'en plus d'être ennuyeux, le film est parfois déplaisant, comme si cette conception du « on ne raconte rien mais comme c'est beau et brillant, forcément tout le monde va crier au chef-d'œuvre » était devenu monnaie courante chez certains auteurs actuels. Bref, si on ne peut que s'incliner devant certaines qualités majeures, on ne pourra en revanche que fustiger l'ennui profond provoqué par les deux derniers tiers, d'autant plus frustrant qu'il y avait matière à offrir un très grand film au public. Que de regrets...