Voilà. Après Woody Allen, c'est probablement un autre grand nom du cinéma qui tire sa révérence : Ken Loach, 87 ans et fidèle à lui-même depuis 56. Même si je ne partage pas toujours sa vision des choses, j'aime les gens droits dans leurs bottes, fidèles à leurs convictions : il est peu dire que le cinéaste l'aura été jusqu'au bout, comme en témoigne « The Old Oak », probablement pas son meilleur film, mais où sa « patte » et son discours sont omniprésents. Après une scène d'introduction surprenante (l'accueil de migrants syriens dans une petite ville anglaise montré à travers des photos prises par l'une d'elles), l'auteur du « Vent se lève » offre un dernier témoignage humaniste, probablement un peu naïf et manquant parfois de subtilité (les gros racistes bien bas du front, mais en même temps, qui peut prétendre que des gens comme ça n'existent pas?), mais faisant, comme toujours, la part belle aux personnages et à une émouvante histoire d'amitié. Évidemment, on reprochera (pas forcément à tort) au réalisateur de ne montrer que des gentils musulmans face à des anglais... divisés sur l'accueil à leur faire. Et au vu de l'actualité, pas sûr que le timing soit franchement idéal pour tenir ce genre de discours.
Maintenant, au moins a t-il le mérite de ne pas hurler avec les loups, à travers une vision beaucoup plus humaniste que religieuse, prenant le soin d'imaginer une héroïne syrienne pouvant presque apparaître... laïque (on a pris bien soin de ne pas lui faire porter de voile!). Certaines sous-intrigues sont plus intéressantes, mais globalement cela se tient, avec quelques très jolies scènes (notons une utilisation aussi douce que discrète de la musique), où l'on sent qu'à travers TJ, c'est clairement l'ami Ken qui parle, témoignant d'une évidente lassitude, voire d'un certain désespoir face à un monde allant de plus en plus mal, du moins pour les plus démunis, soit la grande majorité de la population. Non sans une petite touche d'espoir, quitte à ne visiblement pas trop savoir comment conclure. Excellente interprétation, « as usual ». Du social pas ennuyeux, ce dont il est (était?) à peu près le seul capable aujourd'hui, très pro niveau formel. Peut-être ne suis-je pas totalement objectif, mais à défaut d'un chant du cygne, une sortie plus qu'honorable pour un homme qui aura marqué le cinéma politique sur plus de cinq décennies : bonne retraite, Mister Loach.
PS : c'est donc probablement la dernière critique que je rédige sur old.senscritique. Quelle tristesse. Un site que j'aimais tant. Dont j'adorais la présentation, la fluidité, sur lequel on pouvait naviguer avec aisance. Pour le remplacer, sans que nous ayons jamais vraiment su pourquoi, un site médiocre, n'apportant pas la moindre amélioration, visuellement insipide, incohérent, où le plaisir de se rendre était infiniment moins grand. Mais non content de s'être déjà mis une bonne partie de sa communauté à dos, SensCritique a tout simplement décidé de littéralement SUPPRIMER cette ancienne version, nous obligeant à subir ses changements aussi piteux que superflus au quotidien.
Comment expliquer cette décision ? À part constater avec désarroi que de très nombreux internautes préféraient fréquenter la version originelle et ainsi, dans un excès de cynisme, les obliger de force à ne plus y aller, j'avoue n'avoir aucune explication sur cette décision aussi honteuse qu'incompréhensible. J'avais été tellement ravi, au départ, de quitter Allociné pour un site plus ouvert, plus large, (beaucoup) plus respectueux de sa communauté : j'en suis à me demander si je vais encore continuer à rédiger longtemps ici... J'ai comme un sentiment de trahison. Et il sera difficile à effacer.