The Old Oak
6.7
The Old Oak

Film de Ken Loach (2023)

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Dernier film (à ce jour) de Ken Loach, toujours en pleine forme à 86 ans …

Comme dans divers autres films, Ken Loach situe l'action de son film dans une petite bourgade aujourd'hui déshéritée, dans le Nord-Est de l'Angleterre. La bourgade a eu connu pendant des décennies un âge d'or au temps "heureux" de l'extraction du charbon. La bourgade ne s'est jamais remise de l'arrêt, inéluctable ou pas, des puits. Et à chaque fois, je me fais la même réflexion. Oui mais non ! D'accord, le charbon ! Mais qui en veut, aujourd'hui, qui défend encore ce type d'activité ? Il suffit de voir ou de lire ou d'entendre les réflexions des gens (bien intentionnés, évidemment) quand un huluberlu s'amuse à relancer le débat, aujourd'hui …

Bref, nous sommes donc dans une bourgade où la misère et la rancœur règnent désormais, où on ne vit plus que dans le souvenir d'un passé, où les gens désœuvrés passent leur temps au pub qui se délabre lui aussi, tous les jours un peu plus, faute de moyens …

Arrive alors un car de réfugiés syriens fuyant la guerre. La réaction des habitants de la ville se partage entre méfiance, haine et même malveillance. Seuls, quelques rares bénévoles, humanistes assurent l'accueil et l'aide indispensables.

C'est la partie intéressante du film de montrer deux types de communautés appelées à cohabiter. L'une, autochtone et pauvre, laissée pour compte du fait de la désindustrialisation, l'autre, étrangère et pauvre, en recherche d'une terre d'asile. Et la solidarité est loin d'aller de soi. Et quand elle tente de se mettre en place, elle suscite des jalousies. Pourquoi lui et pas moi ? Et le pub, lieu de convivialité va devenir source de conflit.

Autre point intéressant du film, c'est la relation d'amitié et de respect qui s'établit entre le propriétaire du pub et une jeune syrienne et l'amorce d'un début d'intégration. Ou s'il est encore trop tôt pour parler d'intégration, d'un début de compréhension mutuelle.

Par contre, malheureusement, le film a du mal à tenir ses promesses vers la fin. En effet, Ken Loach prend quelques raccourcis pour terminer sur une note optimiste assez naïve. Non pas, que cela me dérange une fin optimiste, mais là, je ne pense pas que ces délicats problèmes de cohabitation puissent se résoudre aussi facilement.

Spoiler : Avec une procession autour d'une bannière, tissée par les réfugiés syriens, même si elle est très belle.

Côté casting, le rôle du patron du pub est interprété par Dave Turner, très convaincant, qui, semble-t-il, a déjà joué dans de précédents films de Ken Loach. C'est surtout le rôle de la jeune syrienne qui est à retenir car d'emblée elle emporte la mise auprès du spectateur par sa présence à l'écran. Il s'agit d'une certaine Ebla Mari.

Pour finir, le film de Ken Loach est "d'utilité publique" dans la mesure où il n'est jamais superflu de mettre en avant la nécessaire solidarité et bienveillance face aux réflexes de méfiance ou de haine.

Dommage que la conclusion n'ait pas été travaillée un peu plus en profondeur pour éviter de sombrer dans la facilité du tire-larmes sur des sujets qui ne sont jamais simples…


JeanG55
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le 16 juin 2024

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JeanG55

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