Elle en pire
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J’aurais dû adorer. Je suis client de body horror, de midnight movies et de bouffonneries gores en tout genre. Mais le gros problème de The Substance, c’est qu’il cherche désespérément à s’élever au-dessus de tout ça, sans jamais vraiment y parvenir.
C’est un pitch de court-métrage étiré sur 2h20, et c’est tout simplement épuisant. Une fois les bases du concept posées, le film s’enferme dans une répétition complaisante, recyclant ses propres idées à l’infini sans jamais les approfondir. Pire encore, il insiste lourdement pour nous expliquer ce qui nous est montré, à grands coups de flashbacks et de gros plans grossiers. Si c’était un film sur l’eau bouillante, il nous martèlerait à chaque minute que, oui, l’eau bouillante, en fait, ça brûle.
En rabâchant sans cesse son propos, son symbolisme et ses références mal digérées, The Substance finit par sombrer dans les marécages de sa propre lourdeur. Tout est souligné avec la subtilité d’une combat shoe qui éclate un verre en cristal. La surcharge visuelle et narrative ne fait qu’accentuer l’impression de vacuité : malgré son ambition, le film ne dégage finalement pas beaucoup de substance.
Ironiquement, The Substance peut être perçu comme une métaphore involontaire: la tentative désespérée de drainer l’essence d’un certain cinéma des années 80 avec une grosse seringue — celui de Cronenberg, Gordon ou encore Henenlotter — et de l’injecter dans une œuvre « moderne », sans jamais parvenir à retrouver ce qui faisait la vitalité de ces modèles. Là où ces cinéastes utilisaient leurs excès comme vecteurs de réflexion ou d’émotion, The Substance se contente d’un collage d’images sans âme.
C’est d’autant plus frustrant que le film aurait pu trouver sa place dans un cinéma exubérant et grand guignol, mais il s’égare dans son ambition de paraître plus intelligent qu’il ne l’est.
Dommage.
Créée
le 6 déc. 2024
Critique lue 7 fois
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