Le film le moins subtil de l'année est probablement aussi le film le plus fou de l'année. Un mélange détonnant qui vous saute autant à la figure que la photographie dingue de cette descente aux enfers. Chaque plan est plus beau, plus soigné que le précédent, Coralie Fargeat se pliant en 4 pour livrer le long-métrage le plus sexy qui soit... mais aussi le plus dégueulasse.

De ce fait, on comprend assez rapidement durant son visionnage que The Substance n'est que contraste, à l'image de ce décor de salle de bain blanc pur dans laquel tout élément organique ressort, ne laissant aucune échappatoire au spectateur. Ce contraste filmique, il s'illustre aussi avec la "beauté" recherchée par le showbusiness américain et la dégueulasserie du corps humain. Parce qu'à force, les jolis gros plans de fessiers finissent par être aussi écoeurant que la visite d'une chocolaterie. C'est de la surdose et surtout de la surenchère, on reste bien dans la thématique. Et tant qu'à parler de surenchère, autant aborder la radicalité de l'oeuvre qui se permet des effets particulièrement crados, se limitant durant son premier acte à quelques horreurs étrangements apaisantes avant de sombrer dans l'absolu body horror, le genre par excellence qui me fait bouffer mes ongles. Les maquillages glauques et spectaculaires de réalisme s'enchaînent tandis que le film subit lui-même une étonnante mutation en virant en pure comédie. Le long-métrage met mal à l'aise tout en générant une hilarité sincère. C'est peut-être là où le film me perd un peu puisque le troisième acte va malheureusement trop loin. Certes il m'a profondément terrifié, certes il m'a fait marrer comme une baleine, mais le contraste va trop loin, au point où je n'ai plus l'impression de voir le même long-métrage.

Reste que j'ai de plus en plus de doute concernant la santé mentale des réalisateurs/trices de genre français et Margaret Qualley est bien partie pour continuer à me hanter. The Substance c'est donc une étonnante réussite, à la fois profondément triste et délicieusement drôle et choquante. Un contraste savoureux à savourer mais pas des plus simples à digérer, je l'avoue.


Oh et au passage : à toutes les personnes qui ont déjà vu The Substance, par pitié jetez un oeil à cette publicité suisse de 2020 et osez me dire que ça ressemble pas à une des scènes les plus drôles du film !


https://www.youtube.com/watch?v=iEABy0sDAmk


MonsieurNuss
8
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le 29 sept. 2024

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