Surenchère et en os

Après l'horreur internationale des élections américaines, j'ai décidé de pousser le vice encore plus loin en allant me farcir de l'horreur corporelle.

Des spectateurs nauséeux qui quittent la salle à Cannes, un film sorti il y a plus d'un mois aux USA et pas mal de meme qui tournent déjà sur Twitter, j'attendais cette séance avec impatience. J'ai même rêvé que je regardais le film et que j'en étais déçu. Le rêve est malheureusement devenu réalité.

Pendant 2h20, The Substance a l'honneur de mettre en avant les prouesses techniques des effets manuels de l'horreur. Dans une période où on nous assène de CGI pour nous faire imaginer et découvrir de nouvelles images, les équipes de Coralie Fargeat se démènent pour faire en sorte que tout soit fait main et semble réel. On a donc droit à du body horror de première catégorie qui fait forcément penser à Cronenberg (les ongles qui tombent dans La Mouche, le nombril comme accès au temple corporel dans Videodrome). On peut aussi ajouter à cette horreur visuelle le sound design terriblement efficace qui ajoute encore une dose de malaise. La mise en scène très accélérée et intense permet d'installer dès les premières minutes l'inconfort qui suivra le spectateur pendant tout le récit. Chaque échange est pénible et douloureux. Ne vous faites pas avoir, cette fois l'horreur commence dès la première minute.

Eviscérer la dinde

Seulement, une fois le concept lancé, on n'a que très peu d'intérêt à suivre une histoire qui semble aller dans la surenchère constante. On comprend bien les enjeux et thèmes de la haine de soi en lien avec notre désir d'être aimé de tous.

Seulement, une fois le premier switch effectué, on n'a que très peu de lecture et de message transmis si ce n'est que vieillir c'est devenir une vieille sorcière qui regarde le télé achat toute la journée et être jeune c'est être Dua Lipa (si seulement).

L'ambition du concept semble trop conséquente pour un film de 2h20 avec 1 heure d'horreur dans le cahier des charges. Finalement, on se perd vite dans les échanges et les motivations de chacune et on assiste plus à une demonstration de tout ce qui peut se faire d'horrifique plus qu'à une véritable histoire.

On a l'impression d'être au salon du maquillage de l'horreur, comme si l'équipe voulait absolument nous montrer toute l'étendue de son talent. "Ah oui on sait aussi faire tomber une oreille et fracasser une tête contre un miroir. Allez on vous montre ça mange pas de pain."

Dommage pour un film qui semblait ambitieux et qui rassemblait tout le talent de l'horreur sous un même toit. On retiendra surtout ce savoir-faire qui saura toucher les plus grands amateurs du genre. De par sa surenchère, le film doit gagner en intérêt dans une salle pleine. Partager l'effroi et la stupeur de toutes ces scènes doit forcément ajouter une dimension que je n'ai pas eue dans une salle à peine remplie.